Whispers of a machine

Je reviens donc avec mon lot de jeux vidéos avant que l’été ne finisse. Ce n’est pas vraiment un secret mais j’ai une passion pour les point and click. Ils ont forgé mon adolescence, j’ai passé des longs moments à me triturer les méninges pour trouver telle ou telle solution, j’ai adoré me balader dans l’amerzone, des îles abonnées pleines de mystères ou encore des royaumes plein de fantaisie. Cependant, il y a un genre qui revient souvent avec ce type de jeu, c’est l’enquête. Soit on est directement dans un contexte policier et vous faites partie des force de l’ordre, soit vous êtes un particulier qui devait vous dépatouiller avec pour seul arme votre intelligence et votre bagou. Même si le principe est toujours le même, chaque jeu apporte des variantes : combinaisons d’objets, réponses à choix multiples qui modifient le cours de l’histoire… mais aussi des univers différents, en cartoon, en stop motion, en pixel art…Il y a toujours le développement d’une ambiance, d’un univers, de personnages.

Bref. Soudainement j’ai eu envie de jouer à un point and click et dans la multiplicité de ce qui existe, beaucoup s’orientent vers la Sci-Fi ou le post-apo (le futur quoi). J’ai donc décidé de jouer à Whispers of a machine sorti en 2019 du studio indépendant Clifftop games qui avait déjà réalisé Kathy Rain. J’avais joué à ce dernier et j’en garde un bon souvenir par son ambiance, la personnalité de Kathy mais aussi le fait que le jeu se terminait en laissant plusieurs mystères en suspend. Whispers of a machine est dans la même veine avec un petit côté Technobabylon, Shardlight, Primordia, etc. Niveau style, cela fait énormément penser à ce que propose Wadjet Eye Games.

Histoire

Nous débutons l’histoire avec l’enquêtrice Véra appelée pour aider la police de Nordsund à résoudre un meurtre qui vient juste d’être commis sur un type apparemment sans histoire. Sauf qu’une fois là bas, on apprend qu’un autre meurtre a déjà été commis une semaine plus tôt. Les deux victimes aux premiers abords ne semblent pas liées.

Dès le départ, on apprend que Véra est une personne augmentée. Elle peut scanner les environs, faire preuve de super force pour un court laps de temps ou encore sonder l’état physique des personnes, surtout leur rythme cardiaque, et donc savoir si quelqu’un à quelque chose à cacher. Plusieurs de ces augmentations seront utiles afin de poursuivre l’enquête, d’autant plus que d’autres arriveront par la suite. Là où le jeu se démarque, c’est que les nouvelles augmentations ou nouveaux pouvoirs apparaitront en fonction de nos choix dans le jeu. En effet, lors des dialogues nous avons le choix entre plusieurs options : être empathique, analytique ou bien autoritaire (voir un peu brut de décoffrage). Nos choix augmentent l’une de ces options (au détriment des autres) et font apparaitre de nouvelles augmentations en lien qui seront utiles pour la suite du jeu. A plusieurs moments, nous devons résoudre des énigmes et faire avancer l’histoire et c’est là que ces nouveaux pouvoirs interviennent. Heureusement, le jeu est pensé pour que vous puissiez résoudre ces mêmes problèmes quand bien même vous ayez acquis des capacités différentes. Certaines néanmoins aident à une résolution plus facile. Je regrette toutefois que plusieurs d’entre elles ne servent que peu dans le jeu ou soit sous exploitées. Par exemple le « détecteur de mensonges » ne m’aura servi que 2 fois quand bien même je scannais tout le monde. Les gens sont honnêtes ou bien utilisent une sorte de puce brouilleur qui vous empêchent de voir s’ils mentent et dès qu’ils ne l’ont plus et donc savent qu’ils ne peuvent rien cacher, ils ne mentent pas. Donc bon…

Dans mon cas, j’ai sélectionné les réponses en fonction de mes envies, sans arrières pensées, ni calcul. Ca n’a pas loupé, comme à chaque fois, il faut croire que je suis une personne indécise. Mon curseur est resté au milieu sans préférence (puisque c’est un triangle) ! Il faut croire que je suis neutre jusqu’au bout ! Bon à la fin mes choix sont devenus plus empathiques.

Centre ville, grosse, grosse ambiance

Visuellement le jeu est sympa, quoique les personnages sont un peu trop pixélisés vu de près ou que les décors fassent un peu vides et ternes. Il n’y a pas beaucoup de vie dans celle ville et plusieurs endroits sont assez vides ou ne servent pas. Je ne comprends pas toujours l’idée de mettre un café dans lequel on ne peut pas entrer, sous prétexte que Véra n’a pas envie d’un boire un alors qu’elle peut en prendre au commissariat.

En parlant de l’héroïne du jeu, elle a un petit côté punk comme Kathy Rain (au niveau de la coiffure) et demeure sympathique avec ses forces et ses faiblesses. Son histoire, bien que classique, reste touchante.

Le reste des personnages sont assez sympas, il est possible de discuter avec eux de chaque personnage notés dans son carnet que l’on a pu croiser pour avoir leur avis. Ils ont chacun une personnalité différentes, entre le médecin est ses blagues un peu morbide, Valder est ses automates. Plus les blagues sur le Conduit. On sent une volonté d’identité propre même si certains personnages restent classiques (policier de la veille école, parfois un peu dépassé mais juste, etc.).

Concernant l’univers, nous nous retrouvons après un cataclysme de grand ampleur en lien avec les I.A dont nous auront quelques détails. De ce fait, quelques interrogations et pistes de réflexions sont posées afin de savoir quel est le statut des I.A dance monde mais aussi le statut des injections qui permettent les augmentations qui sont dérivées de celles-ci. D’ailleurs, cela fait parti de mes quelques « regrets » par rapport au jeu. Il y a des éléments en fin (des choses dites) qui laissent supposer d’autres choses, voir quelque chose de plus gros et qui laissent tout loisir à débat et interprétations parce que ce n’est pas développé…c’est frustrant. De plus, il existe plusieurs factions au sein du jeu les pro I.A (Conduit) qui sont vu comme des fanatiques quasi éradiqués et les anti-I.A (EPOS) -affiliés à la religion chrétienne ou ce qu’il en reste- qui sont eux plus nuancés. Il y a ici encore une opposition science vs religion mais ici les pro-science peuvent être aussi considérés comme des fanatiques religieux (ils se considèrent comme des pèlerins) avec l’émergence d’une entité ultra technologique.

Spoilers Vient la question d’Huldra. On pourrait en effet penser qu’il s’agit juste du délire d’une illuminée (Maja) qui a vu Huldra en rêve. Cependant, le fait que Stina le veuille pour elle, semble être poussé par le « blue », les nanotechnologies dans son corps pourtant non considérées comme des I.A. De plus, les hallucinations de Véra concernant son conjoint décédé peuvent être questionnées comme n’étant pas juste un effet secondaire des nanos couplé avec son deuil. Le fait que Alex se fasse de plus en plus présent et la pousse à activé le projet Huldra afin de faire émerger l’IA dans un corps humain questionne et met mal à l’aise. On ne comprend pas trop comment il va pouvoir revivre comme il semble le souhaiter. Il semble également que les personne ayant du « blue » dans leur corps soient un jour ou l’autre soumis à ses effets comme si une seconde conscience se développait et appeler au réveil d’une singularité. Il y a aussi le fait que parfois l’enfant est une fille ou un garçon. Je ne sais pas ce qui dans le jeux influences ce changement.

Le jeu est relativement court (7h environ pour tout finir). Les énigmes sont variées (morceaux d’éléments à reconstituer, combinaisons d’éléments, mots de passe à trouver en ce servant des infos sur la vie des personnages…) et dans l’ensemble pas trop compliquées. La seule sur laquelle j’ai mis du temps est celle du mots de passe du container. J’ai réussi l’énigme des fils électriques quand bien même je ne comprenais pas le principe du voltage. Globalement on sait ce qu’on doit faire et où on doit aller, ce qui fait qu’on est jamais bloqué très longtemps et que l’histoire avance tranquillement. Pas d’énigmes tordues ou trop lourdes.

Concernant le scénario, lorsqu’on découvre ce qu’il y a dans l’appartement 113, on voit d’avance où le scénario va nous mener (enfin pour ma part). Pas de grosse surprise donc, car il y a un air de déjà vu pour ce type d’univers. Néanmoins cela fonctionne.

Je ne pense pas que je classerais Whispers of a machine dans mes jeux du genre favoris. Il est certes classique sous plusieurs aspects mais bien fait et très agréable à jouer. J’ai passé un agréable moment sans lâcher le jeu, ce qui montre que l’ensemble est prenant. En tout les cas, je le conseille aux amateurs du genre qui veulent un petit jeu sympa et pas -trop- prise de tête mais un peu quand même.

Infamous : second son, pas fameux

L’été est l’occasion de replonger dans la lecture, surtout quand on a une PAL aussi grande que le pic du Midi. L’été, c’est aussi l’occasion de se remettre aux jeux vidéos surtout quand on en a une pile aussi grande que le pic du Milieu. C’est le moment d’être motivé pour décrasser sa console et finir tous les jeux entamés ou bien qui prenne la poussière sur une quelconque plateforme dématérialisée. Et puis, je ne fais pas que parler de period drama et de films d’animations oubliés, il m’arrive aussi de parler de jeux. La dernière fois c’était avec Thimbleweed Park.

Depuis que je gagne un peu ma vie j’ai pu investir dans mes passions, notamment dans tous les jeux que je rêvais d’avoir. Manque de bol, c’est maintenant de temps dont je manque. Passer un peu de temps sur des petites missions ou des petits jeux rapides c’est cool. Passer plus de 60h sur un jeu avec une histoire prenante et qui demande de l’investissement, c’est plus délicat. L’été est donc parfait pour ça, pour autant que l’on soit un tantinet motivé. J’ai donc décidé de finir quelques jeux avant d’en commencer d’autres. Cela fait partie de mes résolutions : ne jamais commencer un nouveau jeu avant d’avoir fini le précédent (ça évite d’encombrer le console ou le PC). Autant vous dire que les bonnes résolutions et moi…enfin voilà quoi.

Donc, je commence mon été en allumant ma PS4, bien décidé à finir Yakuza 6 ! Cela faisait un petit moment que je n’y avais pas joué (la console m’indique que cela fait depuis 2020…soit 2 ans…Hum.). Quoiqu’il en soit je l’ai terminé, j’ai découvert le secret d’Onomichi, découvert que les quadra d’entreprise sont foutu comme des athlètes de 20 ans et que j’ai super envie de manger la bouffe présenteée dans le jeu. Mais je tergiverse, je ne vais pas parler de Yakuza, non, mais d’un jeu qui n’a rien à voir.

Si vous suivez la logique, un jeu terminé = nouveau jeu. J’avais donc le choix entre plusieurs jeux d’occaz (oui j’achète beaucoup en occaz) qui prenaient la poussière sur une étagère. Le choix s’est porté sur une jeu acquis récemment et qui n’occupait pas trop de place sur la console. Infamous : second son.

Alors non je n’ai pas joué aux autres Infamous, cela n’empêche en rien de jouer à celui-ci. C’est un jeu rapide et pas trop immersif niveau scénario (ça tient sur un demi timbre poste). Bref, est-ce que j’ai aimé et passé un bon moment devant le jeu ? Pas vraiment.

Les avantages du jeu est que tout va rapidement sans prendre de temps, ce qui fait que le jeu est plutôt court donc parfait pour moi. La prise en main est facile et certains pouvoirs sont assez sympas.

Les désavantages sont que tout va trop vite, que le scénario et les personnages sont clichés et déjà vu au possible et que tout est prise de tête. Je m’explique.

Le jeu commence avec Delsin, la vingtaine, et son frère policier, tout deux membres d’une réserve. Dans le monde dans lequel ils vivent, il existe des gens avec des pouvoirs appelés « porteurs » ou « bioterroristes ». Manque de pot, un camion qui en transportait s’est accidenté prés de la réserve des frères. En essayant d’arrêter un des porteurs, Delsin absorbe ses pouvoirs. Ce serait cool si, la méchante de service, Augustine, avec son pouvoir avec le béton ne s’en était pas prise aux membres de la communauté afin de savoir où se cachent les porteurs. Résultat, Delsin poursuit Augustine à la fois pour se venger mais aussi pour lui absorber ses pouvoirs et aider sa tribu.

Lorsque le jeu débute, on comprend rapidement que le personnage principal et son frère sont amérindiens. Cependant, ce détail, s’il est intéressant, est sous exploité. Si le jeu nous l’avait pas montré brièvement au début, ben on l’aurait pas deviné. De plus, cela n’apporte pas plus de profondeur aux personnages qu’au scénario. Je comprends que l’on ne se soit pas trop penché dessus au début pour ne pas être trop investi émotionnellement afin qu’on soit plus libre de ses choix (le jeu propose d’être un héro ou un salaud en fonction de nos actions et choix). Tout est vu et archi vu. On sait qui va mourir, qui va trahir, comment ça va se finir. Mêmes les motivations de la méchante sont fumeuses et sans inspirations. Même les dealers de drogues c’est une caricature. Des mecs en cagoules avec des flingues qui attendent au coin d’une rue avec une glacière en tournant en rond. Alors je n’ai rien contre l’utilisation d’éléments classiques ou de tropes mais là ça sent tellement la flemme, le truc formaté au possible, que c’est juste inintéressant. Alors certes, j’ai dit que je voulais pas d’un jeu qui demande trop d’investissement de peur de peur d’être largué si je n’avais pas le temps de le finir mais là…Les dialogues sont aux fraises, surtout pour convaincre de potentiels alliés de nous rejoindre. C’est des enchainements de phrases bateaux et creuses. Je ne me suis attaché à aucun des personnages quand bien même ils ont pas eu des vies cool. N’empêche que je ne comprends pas pourquoi les escapés du fourgon retournent à Seattle au lieu de partir se planquer ailleurs (quoique pour les deux alliés, va trouver des néons et des écrans dans une forêt).

Autrement, les membres du DUP (les méchants) torturent tout un village, démolissent un pont, isolent toute une ville qu’ils s’accaparent mais pour les gens tout va bien. Les PNJ se baladent tranquillement en ville comme si de rien n’était, c’est la faute de ces méchants bioterroristes. J’avoue que je comprends pas très bien la logique de cet univers.

Notre héro tête à claques

Le personnage principal est aussi une vrai tête à claque, alors ok c’est un fonceur, frondeur mais il est juste horripilant. Il ne réfléchit pas et n’évolue pas. Le doublage par Donald Reignoux n’arrange rien. Je n’ai rien contre Donald Reignoux mais Delsin beugle plus qu’il ne parle à m’en filer mal au crâne. Sans parler des effets sonores, hyper forts même en baissant à fond. J’avoue très mal supporter quand ça hurle dans tout les sens, surtout dans ma manette.

Le jeu est aussi affreusement répétitif. On arrive dans une zone contrôlée par les méchants, hop il faut dézinguer leurs caméras, drones, points de contrôles etc. pour faire baisser leur taux de présence. Eventuellement cela permet d’accéder à une mission annexe pour dézinguer plus de méchants. Et on recommence dans une autre zone. Alors certes on est pas obligé de le faire, mais comme cela permet de gagner des noyaux pour développer ses pouvoirs, c’est un peu le passage obligé. Les environnements sont tous les mêmes d’un quartier à l’autre (on rajoute juste plus de néons), ce qui fait que tout se ressemble ou presque. Je ne suis jamais allé à Seattle mais ça ne me donne pas franchement envie…

J’ai un souci de cinétose, ce qui fait que la VR et les jeux à la première personne c’est quasi impossible pour moi (exemple : Edith Finch, pas de plus de 5-10 min de jeu avant d’avoir la nausée). Sur Second Son j’ai été malade plus d’une fois à cause de la caméra qui ne sait pas où se mettre dans des espaces restreints (et du bruits) ou les trucs qui partent dans tous les sens et le bruit n’arrange rien.

J’ai ragé plus d’une fois durant le combat de boss contre Eugène, outre le fait que c’était répétitif, le fait que Dalcin s’accroche parfois ou pas aux plateformes selon le bon vouloir est très frustrant.

Néanmoins, enchaîner les points de karma pour déclencher une attaque destructrice à quelque chose de jouissif mais hélas le côté fun est dépassé par les inconvénients. Oui certains pouvoir sont cools visuellement, certains plus pratiques pour se déplacer ou fuir que d’autres, certains demandent une visée précise. Visuellement les coups quand on a un mauvais karma ont plus de styles et ont l’air plus dévastateur, cependant comme j’ai aider des gens, je n’ai eu que les coup non létaux. Ceci dit, je n’ai pas particulièrement envie de refaire le jeu tester les pouvoir de méchants. Il existe un spin-off de ce jeu avec le personnage de Fetch, la fille néon, et qui se déroule avant, mais vu le « plaisir » que j’ai eu sur le premier jeu, je ne suis pas tenté pour le faire.

Bref un jeu qui hurle, où tout doit aller très vite, où ça canarde dans tous les sens en faisant plein de bruits, je crois que c’est pas fait pour moi… Infamous : second son n’est pas un jeu qui m’a convaincu. Le fait d’être malade et écœuré à chaque session n’aide en rien. Au final j’ai fini le jeu, mais je l’ai fini comme on se forcerait à finir un plat de la cantine.

Persuasion, version Netflix

Il y a quelque temps Netflix sortait un trailer pour une prochaine adaptation filmique d’un roman de Jane Austen : Persuasion. Ce n’est pas forcément son œuvre le plus connue mais c’est un livre qui est souvent apprécié. Il faut savoir que l’histoire se déroule avec une héroïne plus âgée (27 ans), a été écrite sur le tard et dégage de ce fait un ton assez différent du reste des autres ouvrages de l’autrice.

La première fois que j’ai lu Persuasion, j’ai senti une forme de mélancolie, de bilan sur une vie et des choix faits, des regrets…sans pour autant être dénué d’un certain regard perçant sur le microcosme social (mais moins). Nous sommes loin des jeunes femmes qui tentent de se faire une place dans le monde ou qui tombent amoureuses. Non ici, Anne, l’héroïne, a aimé. Elle sait quels sentiments cela procure en bien comme en mal. Elle ne rêve plus et accepte le sort de vieille fille qui l’attend avec stoïcisme et résolution, portée par le regret des choix qu’elle a fait mais qu’elle assume. Ici les anciens tourtereaux s’évaluent à distance, par des gestes, des attentions, des regards. On jauge le caractère de l’autre.

Tellement intemporelle qu’il a fallu la moderniser

Il faut savoir une chose avec les adeptes des period drama et des adaptations littéraires, c’est qu’ils sont très à cheval sur le respect de l’œuvre et de l’époque d’origine, en particulier s’il s’agit de Austen. Certes, il est tout à fait possible de faire des versions plus contemporaines ou de transposer l’intrigue à nos jours pour être plus actuel (l’exemple de clueless). Néanmoins, il y a toujours des fans pour cracher, voire descendre toute forme d’adaptation si elle ne représente pas la beauté et la grandeur du livre à leurs yeux. En somme, il est très difficile de satisfaire certains fans ardus. J’avoue en avoir quelque part fait parti. Il m’était en effet plus difficile de visionner un film ou une série adapté.e d’un roman que j’apprécie ou que j’ai lu récemment, alors qu’à l’inverse je suis moins critique en voyant le film avant de lire de livre. J’ai par exemple refusé d’aller voir la version 2005 de P&P au cinéma car rien ne pouvait dépasser la version 95. Avec le temps, j’ai pris un peu de maturité (je l’espère) et je suis capable de visionner une œuvre pour ce qu’elle est avec ses qualités et ses défauts. Cependant, j’ai l’impression que certaines personnes manquent de ce recul ou ne souhaite pas l’avoir et continue de s’acharner sans vergogne.

Bref. Netflix sort une bande annonce pour une nouvelle adaptation de Persuasion. La dernière en date est de 2007, soit il y a 15 ans, ce qui commence à dater. Celle d’avant était de 1995 et celle encore avant de 1971. Donc on peut avoir une nouvelle version de Persuasion environ tout les douze ans en moyenne. Ce n’est pas non plus l’œuvre la plus adaptée comme vous le voyez. Pour en revenir à la version 2022, la joie de la surprise de sa venue, laisse à une forme de dégoût au mieux de circonspection. Le peu que l’on nous montre laisse présager une version actualisée avec un ton résolument plus moderne, que cela soit dans le vocabulaire choisi que dans les choix de mise en scène avec des dialogues et des clins d’œil avec le spectateur façon Fleabag. Mais surtout, ce qui a été retenu, c’est l’humour. Or, Persuasion n’est pas une œuvre humoristique. Nous sommes loin des petites piques ironiques et sarcastiques d’œuvre comme P&P.

Effectivement, en s’éloignant du ton original, on peut craindre quelque part que l’œuvre soit dénaturée. Le fait de rendre Anne Elliot plus « vivante » dans son cercle familiale proche, avec ses neveux par exemple ne me gêne pas. Pas plus que de prendre des risques avec des partis pris de mise en scène. Mais le tout mis ensemble peut être déconcertant.

Sans trop aller regarder les avis, j’ai visionné Persuasion. Je n’ai pas passé un mauvais moment. Je n’en ai pas passé un excellent non plus.

Le film était visuellement intéressant, dans ces choix de couleurs, de décors et de tenues. J’ai envie d’appeler ce type de film « film macaron » avec ce type de colorimétries dans les tons pastel et délavés mais recherchés.

Le film suit globalement l’histoire dans trop faire de digressions, quand les événements se passent à Bath, nous sommes bien à Bath. Il y a bien des suppressions de personnages comme l’amie de Anne, Mme Smith tombée dans la pauvreté. Sa disparition ne m’a pas vraiment émue car je n’appréciais pas le personnage. Elle avait un intérêt scénaristique : révéler la perfidie de l’antagoniste de l’histoire mais n’était pas, selon moi, un personnage sympathique car très intéressée en amitié. La version 2007 n’avait pas su trop quoi en faire et les révélations de fin, dont celles de Smith, arrivaient toutes les unes après les autres comme par magie. Ici en 2022, les éléments apportés par Smith sont énoncés directement par le personnage concerné (Mr. Elliot) sans ambages et de ce fait ne font pas de lui un « méchant » mais quelqu’un avec une vision différente, assez honnête avec lui-même et les autres. Ce qui change fondamentalement le personnage. Sans oublier la fin. Son intérêt pour Anne s’envole pour aller convoler soudainement en juste noce, parce que l’amour à ses raisons (!).

Et des personnages qui changent, il y en a plein. A croire que leur noyau central, leur essence a été modifiés pour en faire autre chose qui n’a plus de sens si on reste dans un contexte austenien.

Lady Russell est la marraine de Anne ayant une certaine influence sur cette dernière puisqu’elle est à l’origine du refus de sa filleule d’épouser Wentworth. Elle a donc une certaine emprise sur elle. Ici c’est juste une bonne copine qui se rend compte qu’elle s’est fourvoyée et s’amende, ce qui change la dynamique. Wentworth calme et stoïque devient ici un homme blessé en amour et tout cela transparait sur son visage comme s’il était chaque fois sur le point de pleurer. Il devient d’un homme un peu amer, un homme sensible qui parle à cœur ouvert et se rend compte qu’il a encouragé des inclinaisons malheureuses.

De même, le film essaie de passer des messages féministes, mais les propos et les préoccupations du début du XIXe ne sont pas celles du XXe. Donc Anne qui nous dit que les femmes sont grandes, belles, fortes et n’ont pas besoin de maris (en gros) et Lady Russell qui fait des croisières pour célibataire pour s’enjailler auprès de jeunes hommes, c’est mal connaître le contexte dans lequel les femmes évoluaient lorsqu’Auten a écrit son roman. Le féminisme peut prendre diverses formes sans qu’on nous balance à la figure la femme forte et indépendante dans des dialogues hors de propos et peu subtils.

Oui nous sommes bien à la bonne époque, dans les bons lieux avec quasi tout les personnages de l’histoire original mais ce n’est pas Persuasion. C’est une comédie romantique américaine (quoique avec un côté Bridget Jones) avec un vocabulaire de comédie romantique contemporain.

C’est malheureusement un tort, causé par beaucoup d’adaptation de Austen. Les œuvres de Jane Austen ne sont pas romantiques et n’appartiennent pas au domaine de la comédie romantique. Mais passons sur cet écueil assez récurrent.

Si les apartés de Anne peuvent être intéressante, comme nous faire prendre conscience de ses tourments intérieurs, ici l’utilisation est surtout fait avec une visée humoristique, même lorsque l’on parle de sentiments tristes. 8 ans après Anne se morfond toujours dans sa baignoire ou au fond de son lit telle une ado, mais en noyant son chagrin dans des bouteilles de vin telle une célibataire en mal d’amour, mal dans sa peau et « vieille fille » façon Bridget Johns. On est loin de la Anne du roman.

Anne est un personnage discret, assez introvertie qui a du mal à s’épanouir ou s’émanciper entre d’un côté un père et une sœur imbus de leur personne, de leur apparence et de leur classe sociale et de l’autre une sœur hypocondriaque. Anne est entourée de gens qui tirent la couverture vers eux, en constant besoin d’attention. Certes, elle est étouffée avec une telle compagnie ce qui la rend effacée mais en même temps c’est la seule avec les pieds sur terre, raisonnable et pragmatique en toutes circonstances.

Non Anne n’est pas quelqu’un qui se laisse aller, ce n’est pas non plus une héroïne piquante et libre. Anne n’enchaîne pas les bourdes, ne parle pas sans savoir, ne provoque pas des malaises dans l’assistance en balançant ce qui lui passe par la tête, pas plus qu’elle ne drague ou se laisse flatter. Elle est loin de nos canons contemporains, comme elle est loin d’Elizabeth Bennet qui est un peu le maitre étalon.

De souvenir, elle et Wentworth n’ont que peu d’interactions entre eux dans le roman. Tout est du point de vue d’Anne, de ce fait le capitaine nous parait froid et distant car on ne sait pas ce qu’il pense. Le lecteur, comme Anne, a tout loisir d’extrapoler son comportement aux regards de ses faits et gestes. On sent qu’il lui en veut, qu’il lui reproche son manque de caractère, le fait d’être trop facilement influençable. Mais peut-on vraiment en vouloir à Anne pour cela dans une période où le statut et l’avenir des femmes est précaire et définit par les mariages qu’elles feront ? Wentworth se permet donc quelques piques à l’encontre de celle qu’il aima jadis, tout en reconnaissant ses qualités.

Tout au long du roman Anne s’épanouie, s’il ne s’agit pas de changement radical, c’est plus dans son comportement. Elle semble rayonner, prendre en assurance et devenir jolie. Et, cela peu à peu le capitaine le remarque. Tout les deux parlent peu, n’ont pas de grandes envolées romantiques, ni de discussions à cœur ouvert. Il faut lire entre les lignes, observer, écouter. Il y a donc une forme de subtilité qui, en 2022, n’existe pas ou plus. Non ici, les gens doivent se dirent les choses directement, mettre les points sur les « i ». Si quelque part c’est dans l’air du temps l’honnêteté et la communication, cela se fait au détriment de la subtilité. Je peux donc comprendre les gens qui se sont sentis insultés par le besoin qu’à le film de tout expliciter, de tout dire, sans laisser suggérer. En somme, prendre le spectateur pour un débile sans cerveau biberonné aux trucs formatés.

Une chose que j’ai remarqué est que, sur quasi 2h de film, les personnages peinent à exister. On se souvient tous des soupirs agacés et des yeux levés au ciel de Hugh Laurie dans Raison et sentiments de 1995 quand bien même le personnage n’avait que peu de temps à l’écran. Dans les romans de Austen, il y a toujours pléthore de personnage secondaires, parfois peu présent mais toujours savoureux à leur manière. Persuasion n’en manque donc pas et pourtant il est difficile de souvenirs d’eux dans la version 2022. Seul Mary la sœur hypocondriaque (et le père) arrive à tirer son épingle du jeu, en faisant preuve d’un égoïsme à toute épreuve et d’un désintérêt total pour sa progéniture. D’un côté, on arrive à la comprendre. C’est vrai, pourquoi parce qu’elle est devenue mère devrait-elle toujours être celle qui se sacrifie pour eux ? Si un de ses enfants est mal en point, son mari considère qu’il est normal qu’il aille au dîner ses parents pendant qu’elle reste au chevet de leur fils, pas qu’ils annulent et restent tout les deux.

Pourtant le film essaie. On nous montre un Sir Elliot imbue de sa personnage et de son apparence avec ses multiples tableaux de lui-même, un capitaine Harville sympathique et amoureux de sa femme, les Croft en couple harmonieux, les parents des Musgroves, les neveux de Anne et sa relation avec, Lady Darymple et sa fille comme inintéressantes et ennuyeuses malgré leurs titres (limite cette intrigue aurait pu disparaitre tellement elle est sous exploitée). Il y a des tentatives et pourtant rien ne ressort vraiment.

Concernant le casting général, on sent bien que Bridgerton est passé par là. Sauf que Bridgerton est une fiction fantaisiste d’une régence anglaise fantasmée par une américaine. L’œuvre peut donc se permettre de ne pas être réaliste et d’avoir une pléiade d’acteurs venus de tous horizons sans véracité historique sans que cela choque. Ici on a un roman d’époque, adapté version 2022. Ce qui donne un tout bancal. On suit l’histoire originale mais on change les personnages, ça se passe à la régence mais avec des anachronismes, on modernise les dialogues mais pas tout le temps, etc.

Je reviens sur la modernisation, en particulier dans les dialogues. Cela en a fait grincer des dents plus d’un et d’une de voir qu’on parlait de « playlist », « d’exes », qu’on notait les mecs sur leur désirabilité…effectivement certaines blagues (comme la notation) sont directement reprise de romcom américaine et totalement anachronique. C’est alors posée une question – à mon sens pertinente- est-il nécessaire de toujours tout moderniser ? Je veux bien croire que certaines œuvres s’y prêtent plus que d’autres, que cela permet de donner une autre version de l’œuvre originale, d’attirer de nouveaux spectateurs/lecteurs mais Persuasion n’était peut être pas le roman pour cela. Certains regardent justement des périodes drama pour les dialogues et les costumes donc si ce n’est pas pour les retrouver quel intérêt ? De même, lorsqu’on visionne un film adapté d’un roman qu’on aime, on s’attend à retrouver l’essence de ce dernier ou au moins les scènes iconiques.

On modernise ici les dialogues, on brise le quatrième mur, on met de la musique plus dans l’aire du temps, on change les personnages pour en faire des stéréotypes de romcom…en somme c’est comme si Netflix avait pris ça et là des morceaux d’éléments qui fonctionnent ailleurs, les avait mis ensemble mais sans comprendre pourquoi cela fonctionne dans d’autres œuvres, ni sans comprendre la base du roman qu’ils ont choisi d’adapter. Certains effets fonctionnent parfois mais sans doute plus par erreurs. Finalement, ce Persuasion 2022 en dit plus sur notre époque et la plateforme qui l’adapte que sur le roman de Jane Austen.

Wildfell Hall

Ciel ! Aucun article en 2022 ! Il est temps de remédier à cela et de souffler un peu sur la poussière qui s’accumule.

Avant toute chose, si beaucoup se sont plaint de 2020, pour ma part 2022 est une année qui est passée très vite et qui a connu des hauts et des bas. Pas une année marrante, notamment à cause de la sensation de perdre pieds avec tout ce qui m’entoure et de ne pouvoir se raccrocher à rien. Toutefois, j’essaie de savourer cette fin d’année qui approche car s’il y a encore pas mal de choses à terminer avant de clôturer, je commence à me sentir allégé d’un certain poids en espérant pouvoir enfin me reposer.

Dernièrement, j’ai eu une envie soudaine de period drama, comme cela arrive parfois. Cette envie se fait à la suite de lecture de classiques. Il y a bien longtemps que je n’avais pas réussi à lire et je savoure cette petite victoire car je ne sais pas jusqu’à quand cela va durer.

Bref. Tout a commencé lorsqu’en allant chez un bouquiniste, une série de livres a attiré mon attention. Trois œuvres des sœurs Brontë. Cela m’a immédiatement renvoyé à mon adolescence en train de lire Jane Eyre alors que je venais de commencer à me mettre à l’anglais mais aussi à mes études où l’on décortiquait Les hauts de Hurlevent. Cela m’a également rappelé les adaptations séries et cinémas que j’avais pu voir de ces ouvrages. Une en particulier dont je n’avais pas encore lu le roman : La châtelaine de Wildfell Hall (aussi traduit sous le titre de La locataire de Wildfell Hall, La dame de Wildfell Hall, La recluse de Wildfell Hall, etc.). La version que j’ai lu date des années 90 et j’ai de gros doute quand à la qualité de la traduction car si certains passages ne sont pas clairs, il y aussi beaucoup de lourdeurs dans la manière dont s’exprime les personnages qui gêne parfois la lecture. Néanmoins, j’ai pu aller au bout de ma lecture -le roman n’est pas très long-. Pour les personnes ne l’ayant pas lu, le roman est composé de 3 parties : La première évoque l’arrivée de cette veuve mystérieuse à Wildfell Hall, Helen Graham, la seconde est le journal intime d’Helen qui décrit les événements qui l’ont amené à Wildfell Hall et enfin la dernière partie qui revient au présent et conclue l’histoire des différents personnages.

Le personnage de Gilbert m’a vraiment tapé sur les nerfs

Si j’ai passé un bon moment de lecture, le livre ne restera pas parmi mes préférés, notamment à cause de ses personnages. Je n’ai pas apprécié Gilbert, le personnage masculin principal et narrateur de l’histoire (puisque tout ceci n’est qu’une grande lettre qu’il écrit à un de ses amis des années après la fin de l’histoire). Je trouve Gilbert impulsif, alors certes il est présenté comme jeune mais cela ne pardonne pas tout. A un moment du récit, il s’en prend à un autre personnage par pur jalousie et le frappe à coup de cravache avant de le laisser blessé et en piteux état sur le bord de la route, sans éprouver de regrets (ou très peu). De ce fait, j’ai du mal à le voir comme un personnage sympathique, ni même comment Helen peut s’attacher à lui après ce qu’il a fait et ce qu’elle a enduré elle.

Le personnage d’Helen n’est pas en reste. Son côté pieux est, j’imagine, tout à fait dans l’esprit de l’époque, néanmoins son côté très dévot peu agacer. Une femme qui est présentée comme belle, intelligence, cultivée et faisant preuve de bon sens, tombe sous le charme d’un « mauvais garçon » mais est persuadée qu’elle peut le remettre dans le droit chemin. En somme, le conseil qui est donné aux autres n’est pas bon pour elle, persuadée qu’elle s’en sortira mieux.

Pour en revenir au roman sans sa globalité, il a quelque chose d’actuel. Outre le fait de parler des vices, comme celui des ravages de l’alcool et du jeu, il est aussi question des violences domestiques. S’il n’est jamais abordé la question du viol conjugal, ni de la violence physique, la maltraitance psychologique est bien présente au travers du personnage d’Arthur et plus largement de son groupe d’amis. La longue déchéance d’Arthur ainsi que la dégradation de son couple sont assez bien retranscrite. Il est aussi question de la femme et de son statut. On attend d’elles d’être des mères et des épouses, des maîtresses de maison, d’être obéissantes et soumises (c’est de que réclame certains hommes), tout en étant le garde fou de leurs maris. D’ailleurs un des personnages masculin, Ralph, ami d’Arthur, annonce vouloir une femme douce et docile et quand il en a une, il se plaint qu’elle soit douce et docile. Ben oui, c’est de sa faute à elle s’il continue ses excès, il arrêterait si elle lui disait de le faire de manière ferme mais comme elle attend et prie pour qu’il arrête de lui même, il continue. C’est bien connu, c’est le boulot des femmes de sauver les hommes et de les changer pour le meilleur. D’ailleurs, il faudra l’intervention d’Helen pour que Ralph se rende compte du mal qu’il fait à sa famille et qu’il décide d’arrêter. On peut trouver énervant que cela soit une personne extérieure au couple (et une femme) qui fasse remarquer le problème dont lui même à conscience. Tout comme l’on peut trouver énervant que quelqu’un qui sait qu’il a un soucis qui nuit à son entourage et à lui même ne fasse rien car on ne lui dit rien ou encore s’énerver d’un autre qui attend passivement que les choses changent un jour. Cela fait parti des critiques émises au sujet du roman, que la passivité des femmes entrainent leur oppression.

Un couple amoureux, avant le drame

Ceci dit l’œuvre possède pas mal de choses intéressantes à critiquer et débattre sur la position des femmes dans la société de l’époque ou la répartition des rôles. Anne Brontë l’aborde avec parfois des petites piques, voir carrément de front. Lorsque Gilbert arrive en retard chez lui pour l’heure du thé et que sa mère demande à sa sœur d’aller lui en refaire pour que celui-ci puisse tranquillement mettre les pieds sous la table, la jeune fille fait gentiment remarquer qu’il pourrait aller se le faire lui même.

Bref tout cela pour dire qu’il y a assez de matière dans ce roman pour en disserter largement. Toutefois, ce n’est pas le travail des sœurs Brontë le plus connu. Généralement, quand on évoque leur nom c’est Jane Eyre ou Hurlevent qui viennent en tête. Wildfell Hall ne glorifie ou ne rend en rien romantique l’alcool, le jeu ou la violence. On a même du Gaslightning avec Milicent l’amie d’Helen dont l’entourage lui assurent qu’elle a forcément dit oui à la demande en mariage de Hattersley alors qu’elle même se retrouve dans la plus grande confusion ne sachant plus si elle était d’accord.

La série

Si certaines œuvres anglaises ont droit à de multiples (voire régulières) adaptations, ce n’est pas le cas de celle-ci. Il y a quelques années, j’ai trouvé le DVD de l’adaptation de 1996 qui est à ce jour toujours la dernière en date. C’est une courte série en 3 épisodes diffusée sur la BBC, ayant eu droit à une sortie française chez Koba films il y a quelque temps. J’avais vu une première fois la série avant de lire le livre et le fait de l’avoir terminé m’a donné envie de me replonger dans un visionnage le temps d’une soirée.

La série a certes vieillie au niveau de l’image mais elle garde néanmoins des qualités que cela soit au niveau de l’ambiance, des décors, de la musique et du travail photographique. J’ai eu aussi beaucoup de plaisir à retrouver des acteurs que j’apprécie particulièrement comme Rupert Graves qui apporte beaucoup au personnage d’Arthur (parfois même du ridicule).

Après la lecture et mon visionnage, j’ai réalisé que la version TV, si elle suivait les grandes lignes de l’histoire, avait réalisé quelques coupures, sans doute dans un soucis de clarté et de lisibilité de l’intrigue. En effet, là où le roman revient plus largement sur les questions de violences domestiques avec le groupe d’amis d’Arthur et leurs mariages respectifs, la série fait le choix de ne se concentrer que sur celui Helen. De même, les épisodes ont tendances à se montrer beaucoup plus cru en ce qui concerne le sexe et la violence qui est ici plus physique. Il n’est jamais mentionné dans le livre qu’Arthur ai tenté d’avoir des rapports sexuels non consentis avec sa femme, ni qu’il ait tenté de l’étrangler, de la frapper ou de la plaquer contre un mur. Il est surtout violent psychologiquement. Il l’humilie, la rabaisse, l’ignore, monte leur fils contre elle. J’ajouterais que jamais Arthur (junior) ne se montre cruel avec les animaux. Il devient plutôt effronté, désobéissant et prend de mauvaises habitudes (comme celle de jurer).

Le roman étant divisé en trois parties, il serait aisé de croire que la série suite le même schéma et adapte chaque partie en un épisode. Toutefois, la série TV opère, comme évoqué plus haut, quelques changements. En raccourcissant les intrigues à l’essentiel, on se prive de leurs complexités et des différentes opinions et points de vues qui permettent soit de nuancer le propos, soit d’apporter un peu plus de consistance à l’ensemble. Résultat, beaucoup de personnage ne sont pas développés et c’est bien dommage.

Si la série a visuellement vieilli, elle garde tout de même une ambiance singulière avec ses tons bleutés et gris délavés. Le ciel est morne, les landes sont battues par le vent et la pluie. Une atmosphère assez sinistre s’installe, nous ne sommes pas dans de l’horreur mais j’imagine que cela rajoute un élément de mystère autour de la veuve de Wildfell Hall. Il y a un vrai travail de lumière et de photographie pour donner, notamment aux intérieurs, des allures de tableaux.

La musique n’est pas en reste et amène aussi ses propres effets, tout en renforçant le côté gothique, triste de la série, auquel s’ajoute une certaine mélancolie et dans d’autres un danger permanent qui rode. Il y a énormément de chœurs dans la musique. D’autres musiques restent plus « classiques » car on retrouve cette ambiance 19ème avec bals, séduction dans les règles de l’art et mariage. De ce fait, l’évolution musicale vers le doute, la mélancolie, la déchéance d’un mariage vers la haine et la violence apporte un changement de ton radical et insidieux.

Certains points diffèrent sur la fin. Le fils d’Helen ne se fait pas kidnapper, la forçant à revenir auprès de son mari, c’est elle qui décide d’y aller d’elle même. D’ailleurs son mari est vraiment mal en point et sa santé se détériore alors que la série laisse à penser qu’il va mieux puisqu’on le voit se balader. L’autre point est Gilbert rend visite à Helen et se pose comme rival amoureux, ce dont il n’est pas question dans le livre. Le quiproquo du mariage sur la fin est également différent. C’est Gilbert qui se trompe de mariage et réalise qu’Helen est libre, ici c’est Helen qui tombe sur le mauvais mariage et décide de rentrer chez elle, Gilbert doit alors aller s’expliquer.

Pour revenir sur la série de manière plus générale, je trouve que la première partie va trop vite. En effet, on a l’impression que tout se passe le temps d’une semaine ou deux. L’autre point négatif c’est le personnage d’Helen. On peut ne pas aimer son côté religieux et un peu trop stricte, passant son temps à sermonner les gens et expliquer les bonnes conduites à adopter. Toutefois avec Gilbert elle garde une certaine distance qu’on ne retrouve pas dans la série. Très rapidement, il y a comme un jeu de séduction entre eux, alors que c’est une relation qui se construit avec le temps. J’émets également quelques réserves sur le jeu de Tara Fitzgerald qui n’est pas très nuancé. Son Helen est sans arrêt en colère et agressive avec tous, ce qui rend le personnage antipathique alors que ce n’est pas le but (pas en totalité). De plus, je ne suis pas fan de la coiffure choisie qui n’est pas des plus flatteuse alors qu’Helen est décrite comme assez belle.

Helen est snobée par les gens du village parce qu’elle vit seule, n’est pas assez sociale, qu’elle travaille pour gagner sa vie (elle peint), qu’elle est trop protectrice avec son fils, qu’elle a des opinions qu’elle ose exprimer et surtout qu’il y a des rumeurs à son sujet. Quand bien même elles sont fausses, tout le monde y accorde du crédit.

Gilbert, quant à lui, est encore plus désagréable que dans le roman. L’intérêt de ce dernier, c’est qu’on avait son point de vue, surtout dans la première partie. Là c’est juste un jeune coq jaloux et prêt à en découdre.

Quant à Arthur, la série lui accorde plus de temps. Ainsi on voit comment il courtise Helen et on comprend ce qui lui a plu chez lui. De plus, la série ajoute toute une dimension sexuelle, sur les premières années de leur mariage non présente dans le roman. Si elle n’est pas indispensable à l’intrigue, elle permet de mieux appréhender un aspect de leur vie de couple qui ne se limite pas à une simple attraction intellectuelle mais est aussi physique. Cela permet également de cerner cette société victorienne très cloisonnée dans des règles de bienséance et qui se libère à travers l’alcool et le sexe. Rupert Graves joue donc à la fois un Arthur charmant et charmeur, fascinant et attirant. Ses vices et défauts sont apparents et pourtant on a envie de croire qu’il y a un bon fond là dessous. Ce n’est pas la première fois qu’il joue sur ce côté magnétique et animal, on pouvait également le retrouver dans Maurice. La série étoffe le personnage, lui apporte un peu plus de consistance même si cela se résume beaucoup plus à de la violence physique que psychologique. Toutefois, la bonne chose est ne pas avoir fait de rajout sur le personnage qui n’est en aucun cas excusé pour son comportement, on ne lui sort d’histoire tragique de derrière les fagots qui expliquerait comment il en est arrivé là. Néanmoins, je dirais que la série joue la carte de la facilité avec la violence physique, sans doute plus visuelle et impactante pour le spectateur, alors que celle du roman est psychologique et verbal en s’infiltrant doucement dans le couple.

Pour conclure, je dirais que The Tenant de Wildfell Hall n’est pas mon œuvre préférée que cela soit en roman ou en version TV. Néanmoins, c’est une œuvre littéraire qui reste intéressante et son adaptation, si elle comporte pas mal de défauts reste quand même un visionnage que je conseille (la série est assez courte).

Excalibur l’épée magique

C’est enfin l’été, et même s’il ne fait pas un temps des plus beaux, j’ai envie de repos. Quoi de mieux que de regarder des films ? De regarder de « vieux » films? Des films tranquilles, pas prises de tête ?

En feuilletant mon catalogue, je suis tombée sur un film que j’avais loupé étant enfant. Pour être plus précis, j’ai regardé des tas de films et séries animées de qualité variable durant mon enfance. Nous avions des bibliothèques entières remplies de cassettes d’enregistrements avec ces magnifiques jaquettes de télé K7. Bref. Il y quelques temps je partageais certains films de ma jeunesse sur ce blog. Des films méconnus ou oubliés alors qu’à mon sens ils méritent de ne pas tombés dans des abysses sombres d’où on ne les reverra plus. Evidemment voir ou revoir certains films n’est pas sans conséquences car une fois adulte certaines choses nous sautent au visage : animation vieillissante, scénario simpliste, personnages mal écrit, références datées… j’en passe.

Mais revenons au dit film évoqué précédemment. Je disais donc que j’avais regardé des tas de films d’animations étant jeune mais certains ont échappé au visionnage. C’est la vie, c’est comme ça. Cependant, cela peut avoir du bon, comme découvrir des œuvres qui malgré le temps vieillissent bien et gardent toutes leurs saveurs (Princess Bride) ou au contraire te font dire qu’à par la nostalgie, aux travers des yeux de ceux qui ont vu ces films, il n’y a pas grand chose à en tirer (Les Goonies). Toutefois, tout n’est pas parfait, les films ont de défauts mais ils restent agréables à suivre. Il y a les mauvais, les sympas, les biens sans plus…

Toute cette longue introduction pour parler du film qui est en titre (quelle surprise!), que je connaissais enfant, que j’avais souhaité voir mais que je n’avais pas vu. C’est maintenant chose faite. Verdict : huummmm. Aïe.

Le film n’est bien sur pas une immonde bouse à jeter mais soyons honnête, il n’est pas particulièrement bon.

Comme on s’en doute l’histoire va tournée autour de Arthur, Merlin, Excalibur, les chevaliers de la table ronde et Camelot. Nous apprenons au début de l’histoire que les peuples se tapent dessus depuis un long moment, tout en essayant d’extraire l’épée magique, jusqu’au jour où un jeune garçon (Arthur) arrive à extraire l’épée de la roche et unis tout le monde. Paix et amour aux gens sur la terre -enfin juste ceux de Camelot-. Cela fait maintenant 10 ans qu’Arthur dirige son royaume dans l’harmonie et il rappelle tous ses chevaliers pour fêter ça et partager équitablement les terres entre eux. Le père de l’héroïne s’en va rejoindre le roi et promet à sa fille Kayley qui rêve de devenir chevalier qu’il l’emmènera la prochaine fois avec lui (vous le voyez venir le death flag ?). Sauf que évidemment, il y a un grand méchant (Rupert, Rubert, on sait pas très bien) qui veut toutes les terres pour lui, ainsi que l’épée et puis tuer Arthur par la même occasion. Bref être khalife à la place du khalife. Sauf que c’est un plan complètement con.

Je m’explique. Aucun soucis avec le fait que le méchant veuille le pouvoir, ça c’est déjà vu ailleurs, mais c’est la manière dont c’est amené. Rupert veut tuer Arthur direct à peine assis et s’emparer de l’épée. Il échoue mais même s’il avait réussi, personne ne l’aurait suivi car personne à la table ronde ne partage sa vision des choses. On a des chevaliers qui juste à l’instant parlaient de justice, fraternité, partage, loyauté etc. tout ce que Rupert ne représente pas donc aucune chance que quiconque le suive dans sa quête. Le reste de son plan est aussi foireux, il attaque la ferme de Juliana (mère de Kayley) pour qu’elle aille à Camelot avec des caravanes dans lesquelles seront cachés les soldats de Rupert. Pourquoi Juliana en particulier ? on sait pas, surtout que ça fait plus de 10 ans qu’elle a pas mis les pieds dans la ville. On est déjà étonné que les soldats de l’entrée la reconnaissent. De plus, Rupert n’est en rien charismatique, il fait moche et sale. Il a des ongles pourris, un teint cireux et une coupe atroce donc forcément c’est le méchant.

Oreilles pointues, cernes, nez crochu, monosourcil, calvitie, teint jaunâtre…C’est bon toutes les cases du méchant sont cochées.

Tout ça pour dire qu’il échoue à tuer Arthur au début du film, se retire et promet de revenir. 10 ans après un griffon entre dans Camelot, vole l’épée et la perd malheureusement dans la « forêt interdite ». Rupert part à la recherche de l’épée avec ses sbires, ainsi que Kayley qui en chemin rencontre Garrett un aveugle qui vit en ermite dans la dite forêt interdite.

Beaucoup de choses ne vont pas dans ce film et mon opinion rejoint celle d’autres critiques. Déjà l’animation est très aléatoire, on a de beaux passages bien animés et d’autres plus saccadés. Aucune chanson n’est vraiment mémorable, pire certaines sont pénibles à écouter (j’ai coupé le son lors de « Looking through your eyes »). C’est là qu’on se rend compte de l’importance d’une chanson dans ce type de film : exprimer les tourments intérieurs d’un personnage, expliquer son histoire ou juste raconter quelque chose sur le scénario en général, ça peut être un moment d’animation épique, amusant…rien de tout ça ici. Par exemple, la chanson de Rupert aurait été l’occasion de montrer/expliquer ce qu’il a fait pendant ces 10 ans, comment il a préparé sa vengeance, trouver sa potion, dompter un griffon…mais rien. Idem pour Garret. Garret est aveugle et vie dans la forêt interdite, où toutes les plantes sont vivantes et essaient pour la plupart de vous tuer. Il nous dit qu’il est seul et qu’il n’a pas sa place à Camelot. D’accord. Plus tard on apprend qu’il a vécu au château comme garçon d’écurie, rêvant d’être chevalier mais un malheureux accident l’a rendu aveugle. On se dit que c’est là qu’il a quitté Camelot car ses rêves étaient brisés, qu’il a été rejeté de la société…ben non même pas. Le père de Kayley (avant sa mort) l’aide à ne pas laisser tomber et l’entraîne pour qu’il devienne chevalier (on se demande quand il a eu le temps de faire ça sachant qu’il est mort à peine arrivé au château mais passons). Donc tout allait bien. Alors pourquoi avoir quitté Camelot ? Il était accepté et Camelot à l’air d’une société assez tolérante donc pourquoi ? Si un événement c’était produit, si malgré tout ses efforts on lui avait fait sentir qu’il n’était pas digne, j’aurais compris. Surtout que ça n’a pas de sens. Le type est plus balèze que l’ensemble des chevaliers réunis, il vit sans problème dans une forêt où tout peut le tuer, s’en sort sans difficulté, n’a pas l’air d’avoir besoin de son bâton, il se débrouille même mieux que Dare Devil ! Mais non, à la dernière minute, alors qu’ils sont enfin arrivés à destination, la larme à l’oeil, il annonce à l’héroïne d’y aller s’en lui, parce que…parce que…on sait pas.

Puisque nous en sommes là, parlons de sa relation avec l’héroïne. Nous avions un beau duo de base : une jeune femme qui rêve de chevalerie et d’aventure et un jeune homme aveugle qui se rêve lui aussi chevalier. Donc a priori deux personnes qui, dans une société médiéval, n’auraient pas été acceptées à la table ronde ou auraient été mise à part. Plus généralement, ça change de ce que l’on voit habituellement. Personne n’est noble, n’a une grande destinée de prévue, de grand pouvoir ou autre. Garrett accepte assez vite la présence de Kayley malgré le fait que la seconde d’avant et en chanson, il lui avait dit qu’il faisait toujours cavalier seul. Nous savons d’avance qu’une romance va éclore, le tout est de savoir de quelle manière. Une alchimie dès le départ ? des personnages qui apprennent à se connaître au fur et à mesure de leur quête ? Plusieurs options sont possibles. Tomber amoureux en 3 jours semble impossible (c’est la durée de leur voyage) mais nous sommes dans une temporalité de dessin animé donc bon. Un bon point auraient sans doute été qu’ils évoquent leur volonté de faire partie des chevaliers, à mon sens ça aurait permis un approche entre les deux personnages. Hélas, nous n’avons rien de tout ça. Les personnages s’entraident, se montrent sympathiques entre eux mais rien n’en ressort. Résultat quand la romance nous tombe dessus, petit spectateur, en chanson qui puis est, on se demande comment elle est arrivé là tellement elle arrive comme un cheveu sur la soupe. Ils s’aiment parce que…magie du scénario ?

L’amour, c’est regarder à deux dans la même direction, sauf lorsqu’il y en a un aveugle.

J’ai lu beaucoup de critiques expliquant le contexte de la sortie du film et pourquoi celui-ci était passé un peu sous le radar de la postérité. Apparemment le film est sorti à une époque où pas mal de studios essayaient de contrecarrer le succès Disney en sortant des films d’animations. Ceux-ci reprenaient souvent les éléments du cahier des charges des films de la firme de la souris (chansons, personnage secondaire rigolo, histoire d’amour…) avec plus ou moins de succès. Le fait est que oui, les différents éléments sont là mais pas forcément utilisés de manière subtiles ou de manière cohérentes/judicieuses. C’est comme si quelqu’un avait voulu refaire un cocktail d’un barman professionnel en mélangeant dans le shaker tous les ingrédients d’un coup et en secouant très fort, tout en espérant avoir le même résultat. Certaines musiques ne collent ainsi pas à l’ambiance ou arrivent comme un cheveu sur la soupe quand elles ne s’arrêtent pas de manière abrupte sans réelle conclusion.

Il semble que Warner Bros n’était pas très intéressé par le fond mais plus sur le marketing et le fait de faire « tout comme disney » mais en moins bien. J’ai lu quelque part que ce film reste un mauvais souvenir pour beaucoup de personnes ayant travaillé dessus et qu’ils préfèrent ne pas l’évoquer.

Quelque part tout cela se sent. Le design de certains personnages sont sympas quand ils ne sont pas génériques. Celui du poulet transformé en « hache » est plutôt cool, néanmoins un design sympa ne suffit pas. Le personnage obéie au méchant parce que…on sait pas (je rappelle qu’au départ c’était juste un poulet) et il décide d’aider les gentils d’un coup par ce que…on sait pas non plus. De plus, M. Poulet a une femme poulette dodue caricature de la ménagère qui surveille son mari comme le lait sur le feu. C’est limite si on ne la voit pas avec un rouleau à pâtisserie dans la main. Le gag est à mon sens inutile et éculé.

Je ne reviendrai pas trop sur le duo de dragons qui a fait grincer des dents plus d’un.e. Oui parfois ils avaient de bonnes lignes, souvent ils étaient lourds et oui leur chanson a de faux air de celle du génie de Aladin avec ses références contemporaines parfois vieillottes. D’ailleurs, s’ils arrivent à s’entendre sur la fin ou du moins à se mettre d’accord sur certains points, cela reste incompréhensible pour moi qu’ils décident des rester siamois alors qu’ils avaient enfin être pu séparés. De plus, c’est assez malaisant de voir des gags de vieux couples/ d’amoureux alors qu’ils sont siamois. En parlant de ce passage sur la fin où tout le monde guérie, il reste toujours absurde que seul Garrett n’est pas eu droit à ce traitement, d’autant plus qu’il était juste à côté de la fameuse pierre.

D’autres choses incompréhensibles viennent s’ajouter, comme le cas de Merlin qui apparait rapidement au début et à la fin. Le personnage ne sert à rien quand bien même il est présenté comme un personnage puissant. Il envoie son faucon aider mais lui est transparent. Le faucon pose d’ailleurs un soucis de cohérence (en tout les cas pour moi). Comme peut-il être à la fois le compagnon de Merlin et celui de Garrett ? L’oiseau est en quelque sorte les yeux de ce dernier, ils sont un duo depuis ce qui semble être un long moment et ne se quitte pas. Comment alors, peut-il être aussi avec Merlin ? Et pour revenir à Garrett, le type est un Gary Sue qui perd ses pouvoirs de super héro et est ramené à son statut d’infirme, dès que le vilain lui pique son bâton à la fin du film, alors qu’il n’en avait jamais eu besoin jusque là.

En passant, on se tape également de la 3D qui a mal vieillie et des blagues de pets avec l’ogre géant en pierre qui rappelle beaucoup d’autres monstres vu dans d’autres films…

Après globalement, Quest for Camelot n’est pas une daube infâme mais ce n’est pas un grand film non plus. Insipide à la rigueur avec des personnages pas attachants ou oubliables comme ses chansons, des éléments qui manquent de cohésion ou de cohérence. Il n’y pas vraiment d’émerveillement qui s’en dégage même après un visionnage une fois adulte.

Aya et la sorcière

Les cinémas sont fermés et le bol d’air que ceux-ci me procuraient me manque. Ma consommation de films a donc sacrément chuté. Mine de rien j’ai l’impression d’avoir moins de temps pour les loisirs alors que les ouvrages à lire, les jeux à faire et les films à voir s’empilent. Cependant, je trouve tout de même de quoi faire une petite place pour un film de temps en temps.

Les différents festivals se sont adaptés et sont passés en ligne. C’est là que j’ai vu passer le festival de Gerardmer en version dématérialisé. Ce n’est clairement pas mon type de films qu’il propose, toutefois dans le lot le dernier Ghibli était proposé : Aya et la sorcière. Il s’agit d’une autre adaptation par le studio d’une œuvre de Diana Wynne Jones mais clairement plus orientée vers les enfants. Bien que je n’ai pas lu l’œuvre d’origine, qui jusque là n’avait pas été traduite en français il me semble (erreur bientôt réparée), le film semble plutôt coller au matériau d’origine. Plus en tout cas que le château ambulant, qui bien que reprenant le même postulat que le livre, finissait pas partir dans une autre direction.

Revenons donc à Aya et la sorcière. Il faut croire que les sorcières ont le vent en poupe dernièrement puisque nous avions eu Mary et la fleur de la sorcière qui était également une adaptation littéraire. Concernant Aya ce n’est pas un film que j’attendais particulièrement et les premiers visuels ne m’inspiraient pas du tout. L’affiche avec le groupe de rock en arrière plan (qui n’a qu’un intérêt minime dans le film) ne laissait pas vraiment entrevoir ce que serait l’histoire et je ne voyais pas bien le rapport avec le monde de la magie… Non ce qui faisait surtout peur c’était la 3D. Je ne sais pas pourquoi mais les expressions faciales, surtout exagérées, des personnages Ghibli ne rendent pas bien en 3D. Cela accentue l’effet plastique/faux, voire bas de gamme, sinon très datée de cette 3D. De plus les mouvements semblaient rigides, les textures assez moches, j’en passe et des meilleurs. La bande annonce avait de quoi refroidir. Néanmoins quand l’occasion s’est présentée, j’ai tout de même décidé de laisser une chance au film.

Pour rappel : de quoi parle Aya et la sorcière ?

Le film débute sur une course poursuite entre une femme aux cheveux rouges à moto possédant des pouvoirs (une sorcière donc) et une voiture qui ne lui veut pas que du bien. Parvenant à échapper à ses poursuivants, la jeune femme dépose son bébé « Manigance » (Earwig en vo) devant la porte d’une orphelinat avec une cassette et un mot indiquant qu’elle viendra chercher sa fille une fois qu’elle aura battu les douze sorcières.
Les années passent et Aya compte rester pour toujours à l’orphelinat afin de continuer à mener tout le monde à la baguette. C’est sans compter sur le jour des adoptions où, sans préavis, Aya est choisie par Bella Yaga et Mandrake, respectivement une sorcière et un démon, pour venir chez eux afin de servir à Bella Yaga de petites mains (pour ne pas dire de bonne à tout faire et d’esclave). Aya ne se démonte pas car elle est bien décidé à devenir une sorcière sous la supervision de Bella Yaga.

Verdict ? Aya et la sorcière était-il un mauvais film ?

Oui…et non. Clairement ce n’est pas le meilleur du studio. Le film a des défauts mais je m’attendais vraiment à pire et finalement ça se laisse regarder. Ce que Aya et la sorcière me rappelle, ce sont ces films pour enfants vite regarder et vite oublier que l’on peut retrouver le soir sur des chaînes comme Gulli. Individuellement ce ne sont pas de mauvais films, ils sont pleins de bonnes intentions mais ne marquent en rien. Aya et la sorcière n’a pas de souffle épique, de morale ou de grandes choses à nous apprendre sur la vie, ce n’est pas un film qui vous touchera. Sans doute parce que le film n’a pas cette ambition et ne l’a sans doute jamais eu. Après tout il s’agit d’un téléfilm, cela se ressent et se voit dès le générique de début. Parce que soyons honnête, il ne se passe pas grand chose dans le film et quand enfin il y a une avancée, le film se clôture. Ce dernier n’est pas forcément lent (quoique) mais il est assez vide. Une fois que notre héroïne quitte son orphelinat, son seul univers restera les murs de sa nouvelle maison dont elle ne sort presque pas. Son univers et donc celui du spectateur se résume à la cuisine, la salle de bain, le laboratoire et sa chambre. Ce n’est pas un hui-clos mais j’ai eu comme un sentiment d’enfermement et de vide. Les pièces ne sont pas vraiment décorées, bien que cela puisse s’expliquer dans l’histoire. C’est d’autant plus dommage qu’habituellement les décors des films du studio regorge de détails. Ici le contraste est flagrant. Il est possible que cette impression de platitude et ce final un peu abrupte s’expliquent lorsque nous regardons l’œuvre d’origine. Earwig and the witch (de son titre original) est un livre pour enfants que l’autrice a écrit à la fin de sa vie juste avant de décéder. Il est donc possible que le côté « abrégé » de l’histoire soit dû au fait qu’elle savait qu’elle n’en avait plus pour longtemps, d’où une conclusion rapide. En tout les cas, le film suit d’assez prêt le livre à quelques éléments près.

Le groupe de rock n’aura aucun intérêt dans le film

Plusieurs choses resteront sans réponses ou simplement pas claires, un comble dans un univers aussi petit. Pourquoi la mère d’Aya quitte le groupe de musique ? Parce qu’elle était enceinte ? Qui est le père d’Aya ? Aux vues des flashbacks, nous serions tenté de penser qu’il s’agit de Mandrake mais rien ne le prouve. Pourquoi ces trois là formaient un groupe ? Est-ce que ça fait partie du « devoir » des sorcières ? Dans ce cas quel lien avec le monde de la magie ?

Il est possible de penser que la mère d’Aya ait quitté le groupe car elle se savait enceinte (qu’est-ce que cela implique dans l’univers des sorcières ?). Il est aussi possible de penser que les autres membres ne savaient pas celle-ci enceinte (pour cette raison qu’ils ne savent pas qui est Aya ou ne cherche pas la fille de leur amie) dans ce cas pourquoi est-ce leur voiture que nous voyons dès l’ouverture en train de poursuivre la mère d’Aya ? Pourquoi ne l’ont-ils plus chassé par la suite ? Comment ces trois là se sont connus, nous ne le saurons jamais. A la rigueur ce point là n’est pas très important.

La relation Bella Yaga/Mandrake est sans doute celle qui intrigue le plus. Au départ on dirait un simple couple souhaitant adopter un enfant (c’est dans doute la seule raison de la venue de Mandrake, avoir l’air d’être en couple). Lorsque l’on connait enfin leur véritable nature, j’ai été tenté de penser que Mandrake était sous contrat avec Bella Yaga mais il n’en est rien. Cette dernière le craint (ou craint ses colères) et Mandrake semble avoir de l’ascendant sur elle puisque quand il lui demande de faire quelque chose elle le fait, même si c’est avec réticence. On peut donc se demander ce qu’ils fichent ensemble sous le même toit puisque chacun fait sa vie de son côté. Bella Yaga prépare des potions, tandis que Mandrake tente de percer en tant qu’écrivain, tout en continuant de jouer de la musique. Le seul moment où ils se croisent ces deux-là (plus Aya), c’est pour manger. D’ailleurs étant donné que les petits démons de Mandrake lui apportent la nourriture qu’il veut, comme il la veut, pourquoi demander à Aya de cuisiner (sachant que cela ne sera jamais comme il le souhaite) ? Bref, beaucoup de questions sans réponses. Cela à tendance à m’agacer car je cogite beaucoup durant les films. Une fâcheuse manie certes, surtout la sur analyse, mais c’est aussi un avantage professionnel.

La question du statut des sorcières dans cet univers peut aussi poser question. D’un côté on a l’impression que c’est un mythe, de l’autre les gens sont conscients qu’elles existent. Bella Yaga est sorcière et c’est son emploi principal. Elle répond à des commandes diverses de petits maléfices à coup de potions et de sort pour faire gagner des compétitions par exemple. Ce sont des gens « normaux » (non sorciers) qui les lui achètent. Sorcière c’est donc un commerce de proximité. Il suffit de téléphoner comme on téléphonerait pour se commander une pizza.

Aya fait franchement des têtes bizarres

J’ai également un peu de mal avec le personnage principal. Non pas que Aya ne soit pas sympathique ou attachante mais j’avais du mal à la situer. De plus, c’est difficile de mettre le doigt sur ce qui me gêne. Elle n’est pas méchante. A la rigueur, si elle fait quelque chose de « mauvais » c’est plus en réaction à quelque chose. L’héroïne n’est pas non plus foncièrement gentille puisque ses actes de gentillesse sont souvent intéressés. « Si je suis gentille je pourrais plus facilement obtenir ce que je veux. » Elle est donc assez ambivalente, tout en étant têtue et maline. Ces derniers éléments sont des choses que l’ont retrouve souvent dans les œuvres avec des enfants pour des enfants. Ceux-ci même qui aiment parfois faire tourner en bourrique les adultes ou bien savoir contourner leur autorité. Je pense que ce qui m’embête vient de son statut d’esclave -littéralement-. Aya c’est l’enfant qu’on a adopté pour faire les tâches ingrates et trimer comme une bête de somme pour des clopinettes en restant enfermer entre 4 murs. Aya ne sort quasi jamais de chez elle. Elle ne se rebelle pas vraiment, essaie de profiter des avantages potentiels de son nouveau mode de vie. Certes elle ne se décourage pas mais sa situation n’évolue pas beaucoup et elle met du temps à la faire évoluer.

Aya est déjà une sorcière même si elle ne le sait pas. Cela vient sans doute expliquer son pouvoir de persuasion sur les gens. Son but c’est de mener tout le monde à la baguette, même ses ami.e.s. Ce qui fait que le personnage peut sembler manquer de sincérité.

Je finirais sur ce film avec son générique dynamique qui boost un peu le tout. Au final l’emballage comme le contenu n’était pas extraordinaire, toutefois, je n’ai pas eu l’impression d’avoir été déçu ou de m’être ennuyé. Juste que j’ai passé une soirée tranquille devant un petit film dont je me rappellerai pour son étrangeté, une sorte d’ovni, de test, de pas de côté du studio.

ps: je trouve qu’Aya a une meilleure tête les cheveux lâchés.

Taskmaster, la meilleure série ?

Avant de parler de la meilleure série/émission humoristique de tous les temps (selon moi), il faut revenir un peu en arrière. Je parle du temps où, mon colloc’ de l’époque m’avait fait découvrir une émission humoristique : Russell Howard’s Good News. Russell Howard est un humoriste et comédien qui tenait donc toutes les semaines une émission commentant l’actualité de manière humoristique entre la critique et le stand up, accompagnée de clip vidéos ou encore d’invités. La série s’est arrêtée en 2015 mais continue sous une autre forme (même principe) avec The Russell Howard Hour. J’apprécie énormément Russell Howard’s Good News, même si j’ai tendance à zapper la partie avec les invités que je trouve en deçà du reste, bien qu’elle soit la partie la plus représentative de la mentalité anglaise (les bons samaritains du jour). Bref, Russell Howard’s Good News est émission très sympa, drôle et surtout assez pédagogique/didactique si vous souhaitez vous former à la culture anglaise. Les blagues étant sur l’actualité, il faut donc avoir une bonne connaissance du paysage politique, économique, social, culturel etc. anglais pour pouvoir suivre.

La plupart de intervenants de Mock the week se retrouvent dans Taskmaster

Ce qui m’amène à une seconde émission auquel Howard a participé avant de lancer la sienne propre avec qui elle partage certains points communs : Mock the week. Ici, même principe, des comédiens/panélistes (6 en tout) commentent l’actualité sous la direction de Dara O’Brian. Les épisodes durent chacun une trentaine de minutes et comportent plusieurs « rounds » : « If this is the answer, what is the question? » qui comme son nom l’indique signifie que les participants doivent trouver la question associée à la réponse donnée sur un thème (généralement les suggestions sont toutes plus débiles les unes que les autres), Picture of the Week qui commente une image de l’actualité et Wheel of News, où deux comédiens se voient attribuer une thématique et doivent faire un court sketch dessus. Ma séquence préférée reste Scenes we’d like to see, où les comédiens enchaînent les blagues et les improvisations sur des thématiques données (« les trucs improbables à dire lors d’un premier rendez-vous », « les choses que l’on entendrait pas à la radio », « les pubs qui n’ont jamais été diffusées » etc.). Ce passage est l’occasion de voir les spécificités, mimiques, tics…de chaque humoriste (Frankie Boyle est l’humour noir, Milton Jones son humour absurde et ses chemises improbables, Hugh Denis son ton pince sans rire et ses chemises qu’il n’arrive jamais à boutonner…). Les blagues et les punchlines s’enchainent très vite et là aussi il faut avoir une bonne culture anglaise pour saisir les jeux de mots et les références.

A force d’enchainer les courtes séquences issues d’émission humoristiques anglaises, l’algorithme YouTube passait son temps à me proposer une vidéo avec une femme jouant à cache cache planquer dans une poubelle. Je me suis laissé tenter et j’ai fini par tomber sur la perle : Taskmaster. Le principe est simple : 5 comédiens (ou simplement des personnalités de la TV) sont amenés à réaliser des séries d’épreuves dans un temps imparti sous la supervision de Alex Horne, une fois la tâche accomplie, ils seront notés par le Taskmaster, Greg Davies. La série existe depuis 2015 et est passée de la chaîne Dave à Channel 4 en 2020. Nous en sommes actuellement à la 10ème saison et le cast de la 11ème vient d’être révélé. Les premières saisons avaient 5/6 épisodes de 45 min (60 avec la pub), avant de passer à 8, puis 10. Chaque épisode est calqué sur le même format. Lorsque l’émission commence chaque participant est sommé d’amener un prix à présenter au taskmaster selon une thématique (le truc le plus pointu, le meilleur bruit, le truc le plus bizarre à ramener chez soi…etc.) qui sont évalués par celui-ci en leur attribuant des points. Sachant qu’à la fin le gagnant de l’épisode (celui avec le plus de points) repartira avec l’ensemble des prix. Par la suite, les participants ont 3 tâches à accomplir individuellement (parfois en équipes) en un temps imparti qui peut aller de quelques secondes, minutes, heures…voire semaines. Le résultat est présenté à Greg Davies qui les note de la plus mauvaises à la meilleure exécution (selon lui). La dernière tâche est réalisée en direct devant le public et les comédiens la font tous en même temps. La personne qui a récolté le plus de points au cours des différents épisodes repart avec le trophée final : une sculpture de la tête de Greg Davies. Les gagnants des différentes saisons se retrouvent ensuite pour un affrontement au sommet dans le Champion of champions.

Pourquoi ça fonctionne ? Le principe est tout bête et pourrait sembler répétitif mais chaque défi arrive à se renouveler et cela tout au long des 10 saisons. De même, la série se déroule presque toujours au même endroit : une petite maison et son jardin dans l’ouest de Londres rempli de portrait de Greg Davies, ce qui donne l’impression que la série est à petit budget (apparemment elle l’est). C’est extrêmement drôle car les défis sont complètement farfelus et les réponses des candidats aux demandes peuvent être tout aussi débiles. Bien que la tricherie ne soit pas admise, il est tout à fait possible de détourner, subvertir les règles. Par exemple : s’il est demandé de remplir le plus de larmes possible dans un coquetier, rien n’indique que cela doit être nécessairement celles du candidat, de même s’il est indiqué que le candidat doit lancer un truc d’un tapis, il n’y a aucune contre indication au fait qu’il déplace le tapis. Rajoutez à cela des règles cachées (souvent fourbes) et vous obtenez un cocktail explosif. Nous voyons donc des personnes logiques et rationnelles qui devant des tâches absurdes se retrouvent à devoir penser autrement, paniquent souvent et finissent par faire n’importe quoi sous la pression.

L’autre atout charme de Taskmaster est le duo Alex Horne/Greg Davies. Alex joue l’arbitre et le trouffion, tout en se faisant malmener par Greg et les candidats. Si bien qu’on fini par se demander si Alex Horne n’aurait pas une certain penchant fétichiste pour l’humiliation quand on voit ce qu’il est obligé d’avaler ou de faire et qu’il s’exécute sans broncher toujours avec une forme de candeur mélangée à de la gêne. Si nous avons droit à des moments d’anthologie, il y aussi de grands moments de solitude et de malaise dans Taskmaster.
Greg Davies joue le Taskmaster, le maître des tâches, qui aime malmener le petit Alex Horne et les candidats en attribuant, de manière plus ou moins juste, les fameux points qui permettent à la fin de gagner un trophée -qui est la tête de Greg Davies-. Davies n’hésite pas à dire aux candidats que leur prestation est à chier, que leurs cadeaux sont nuls ou à les enfoncer. Si c’est parfois injuste (je pense notamment au traitement de Hugh Denis dans la saison 4), ce n’est jamais complètement méchant (quoique). L’ironie étant que le cerveau derrière la série n’est pas Davies mais Horne. C’est le pauvre gars qui joue les arbitres, fait le cobaye, s’exécute quand on lui donne certains ordres et fait le laquais qui est en réalité le créateur de la série.
Cette dynamique maître/valet (alpha/bêta, persécuteur/persécuté) est parfois mêlée d’homoérotisme un peu bizarre. Et ce n’est pas un fantasme de ma part, car beaucoup de gens se posent la question et vont même jusqu’à écrire des fanfictions. Sans doute parce que pour pas mal de personnes, d’une façon qu’elles ont elles-mêmes du mal à expliquer, trouvent Greg Davies attirant. D’ailleurs celui-ci n’a aucun soucis à prendre dans ses bras et à embrasser des hommes. Malgré ses piques aux candidats, ses touches sarcastiques et ironiques, Greg Davies garde une aura de sympathie (en vrai c’est un mec sympa). Et puis mince quoi…ce sourire !

Sorti de nul part, l’instant que tout le monde attendait (ou pas)

C’est aussi une série typiquement anglaise. Certains des candidats sont habillés de manière complètement inattendue et sans aucune raison spécifique que celle d’être anglais et d’aimer les déguisements (en squelette, en ouvrier de chantier, en super héroïne, en Bruce Lee, en mode safari…). Et puis il y a se flegme anglais d’arriver devant les enveloppes contenant les missions avec une tasse de thé à la main d’un air détaché. Les explications sur pourquoi ils ont fait les choses d’une manière et pas d’une autre sont souvent foireuses. Il y a beaucoup d’injures, de gens qui râlent et pestent mais aussi énormément de bonne humeur. Taskmaster possèdent des moments d’anthologies (« bastard’s crying innit » ou encore « I’m always seeing you (do cool stuff) »). Le but au final n’est pas tant de gagner que de passer du bon temps et les comédiens restent dans leur personnage (en particulier James Acaster).

Taskmaster a aussi trouvé un moyen de fédérer les gens et de leur apporter un peu d’amusement pendant cette période de confinement. En effet, quand les anglais étaient enfermés chez eux, l’émission proposait des mini défis à réaliser chez soi (Home Tasking) et c’était très sympa de voir l’inventivité des gens. Après le confinement, l’émission a repris le chemin des studios. Cependant, l’effet COVID se fait sentir avec des comédiens à plusieurs mètres les uns des autres et une salle désormais vidée de son public lors de la présentation des différentes tâches. Le fait de ne plus avoir la réaction de l’audience, qui faisait aussi parti du charme, est un vrai manque.

Taskmaster a su trouver sa place parmi les comédies britanniques et dans le cœur de gens car l’émission a gagné un BAFTA en 2020 dans la catégorie « meilleure série comique ». Prix amplement mérité. Le succès est tel qu’une adaptation américaine a vu le jour mais comme beaucoup d’adaptations américaines de comédies britanniques le résultat n’est pas probant (voir nul). Il existe également une adaptation en Norvège, qui a apparemment eu pas mal de succès, mais également en Finlande, Suède, Nouvelle Zélande, Espagne et Belgique (!). Il existe également des goodies en lien avec la série comme un jeu de plateau avec des missions amusantes à faire entre amis.
La musique de la série est aussi partie prenante de son identité, en particulier son générique et ses petites musiques pour les missions qui sont assez prenantes et restent bien en tête.

Si vous êtes déprimé, si vous vous ennuyez, si vous ne savez pas quoi faire…si vous voulez voir des gens jouer à cache-cache, commander une pizza sans employer le mot pizza (ou ses ingrédients), jeter des sachets de thé dans un mug, faire rougir un suédois, détruire un gâteau à la perfection, faire d’une noix de coco un homme d’affaires, regardez Taskmaster.

Bienvenue à Austenland… l’insulte ?

Quand est sorti le film Austenland, lui-même adapté d’un livre, je n’ai pas été surprise. Je me demandais combien de temps il faudrait pour que nous voyions l’ouvrage sur grand écran. Austenland n’est pas une énième adaptation d’une de des œuvres de Austen mais bien une adaptation du phénomène et de ce qu’elle (Austen) représente.

Les premières images que j’ai pu voir laisser croire à une comédie romantique légère et distrayante et  honnêtement, je ne lui en demandé pas plus. Nous avions JJ Feild, qui avait déjà incarné le parfait Mr Tilney dans un téléfilm consacré à Northanger Abbey, (et que j’apprécie beaucoup) jouait ici les Mr Darcy (ou s’approchant). Finalement, on reprend les mêmes grosses ficelles et on recommence…dans un contexte plus contemporain et qui se veut plus méta.

Cependant, une inquiétude me taraude, compte tenu du sujet. Comment allait être traité les fans de Jane Austen ?  De manière sérieuse ? Humoristique ? Semi-sérieuse ?  A quelle sauce allait être mangé les janéites, ses fans féminines de Jane Austen ? On est tout à fait en droit de se moquer d’un univers  ou encore de la manière dont cet univers est traité par les fans, du moment que cela est bien fait.

Les premiers retours que j’ai pu lire décrivaient une histoire sympathique, bon enfant. Un bon délire, pour certaines c’était déjà un film culte. J’ai donc regardé le film et que dire….à part que c’est mauvais…très mauvais. Voir pire. Insultant.

Je ne pourrais pas parler de la fidélité au livre d’origine car à l’heure où j’écris ces lignes, je ne l’ai pas lu. A priori, si l’histoire de base est la même : une jeune femme complètement dingue de Jane Austen et de ses adaptations (et surtout de Mr Darcy) se rend dans un parc à thème consacré à son autrice préférée (où plutôt un parc sur le thème de la régence), plusieurs petits changements sont opérés. Ici c’est l’héroïne qui se paie son voyage en cassant sa tirelire et non une grande tante qui lui offre en héritage. De même, il n’y a pas d’histoire de forfait qui fait que l’héroïne n’a pas le droit à toutes les prestations.

Quoiqu’il en soit, ce qui m’a marqué c’est que notre héroïne a dès le début du film 5 minutes d’exposition, pas plus. 5 minutes c’est très court, surtout pour ne montrer que des clichés et de la caricatures sans subtilités ni humour. Notre héroïne est fan de Jane Austen. En réalité je dirais qu’elle est surtout fan de la série de 95 puisque nous ne verrons rien d’autre des œuvres de Jane Austen. Qu’une personne adore cette autrice et la série de 95, aucun soucis, que notre héroïne se trimballe avec un sac I love Darcy, qu’elle est étudiée Austen en cours, qu’elle aime se repasser régulièrement la série, qu’elle ait une version grandeur nature de Colin Firth en carton chez elle, aucun problème. Mais pourquoi avoir tout un intérieur vieillot tapissé de fleurs ? Pourquoi collectionner des poupées anciennes (qui font peur) ? Quel est le rapport avec Austen ? Notre héroïne a même indiqué au-dessus de son lit « M. Darcy est passé par ici », elle a même une poupée hideuse de Darcy qu’elle qualifie de collector (j’en ai jamais vu des comme cela) à ce niveau-là, ce n’est pas être fan, c’est être dérangée. Cela soulève donc un problème majeur qui va teinter tout le film : le traitement des fans de Austen. Les 3 femmes clientes du parc à thème sont des caricatures très peu flatteuses car montrées comme des femmes en manque (d’amour ou de sexe). Notre héroïne Jane est la plus équilibrée du lot car étant capable de se tenir convenablement sans se jeter comme une bête en rut sur le premier mâle venu.

Mon premier soucis vient de Jennifer Coolidge qui nous joue toujours des rôles de quadra vulgaire et sans cervelle, croqueuse d’hommes au point d’en devenir une prédatrice sexuelle. Son personnage n’a a priori aucune idée de qui est Jane Austen et de comment se conduisaient les gens durant cette période (on se demande ce qu’elle fait là), est riche à millions (on se demande comment) et a pour seul objectif de s’amuser  (et d’assouvir ses pulsions sexuelles)

La seconde femme du trio de clientes, nous l’apprendrons sur la fin, est une américaine ayant épousée un homme riche, vieux et impotent. Aller dans ce parc à thème est un moyen pour elle de se défouler.

Quant à notre héroïne, sa seule présence dans le parc est de pouvoir enfin faire de son rêve une réalité. Sauf qu’il nous est clairement expliqué, à grand renfort de son amie dont on ne connait pas le nom, qu’assouvir son rêve lui permettra peut-être de revenir à la réalité. De là à en conclure que les fans (femmes) de Jane Austen vivent dans une  bulle loin de la vrai vie véritable, il n’y a qu’un pas. Sauf que l’univers qu’on leur présente dans ce parc à thème, fait toc de bout en bout. Tout fait bas de gamme et faux. Bien sûr, on peut se douter qu’on ne pourra jamais faire revivre l’époque telle quelle et personne ne le souhaite (il n’y a qu’à voir le passage sur les toilettes).

Je vois souvent une petite pique humoristique sur le fait que Darcy (ou Jane Austen) a rendu les attentes des femmes en matière d’hommes très hautes, voire impossibles. Cependant, lorsque nous voyons les deux spécimens masculins qu’a fréquenté l’héroïne : un qui la traite de cinglée lorsqu’elle essaie de lui faire partager sa passion et l’autre à son travail qui ne lui montre que du mépris et lui claque une règle sur les fesses, nous pouvons penser qu’elle a raison de vouloir mieux.

La vision des femmes et de l’univers de Austen me pose problème. J’ai lu quelque part que le film se moquait d’un certain type de fans américaines. J’en conclue que ce sont des femmes vulgaires, pas très cultivées qui comprennent de Jane Austen que l’aspect romantique (qui n’existe pas) en voyant le film. D’ailleurs l’aspect romantique est transformé ici en aspect sexuel puisque chaque cliente se voit attitrer un homme (sans qu’elle le sache) avec lequel assouvir ses fantasmes. Ceci dit, le ton est donné dès le début quand l’opérateur nous vend le voyage en montrant que le parc est peuplé exclusivement de beaux mecs bien fichus, qui aiment les balades au grand air et les bébés animaux. Déjà quelque part, il y a tromperie sur la marchandise puisque ça ne représente pas du tout un univers début XIXe. Cela sera d’autant plus marquant quant à la fin l’une des clientes fortunées achètera le lieu pour en faire un parc d’attractions rose bonbon avec des rubans et des bulles partout, sur le thème de Jane Austen qu’elle n’a toujours pas lu. Je crois qu’on ne peut pas faire pire…

Dans le cas de Jane, le rapport fantasme/réalité est tronqué. Jane n’est pas venue dans le but de se trouver un Darcy mais de vivre une aventure sous le signe de la régence. Toutefois, les dessous du parc c’est d’assigner un gentleman à chaque cliente. Evidemment se sont des acteurs qui jouent un rôle et donc séduisent ces dames de manière plus ou moins subtile. Dans ce mode, à part Nobley, tous les autres en font trop. Evidemment on vise la caricature et l’humour, sauf qu’ici c’est infiniment lourd. Cela a aussi quelque chose de dérangeant. Nous avons donc des acteurs (enfin pas tous) payés pour séduire des femmes afin qu’elles passent un séjour agréable et assouvissent leurs fantasmes. Ce qui me gêne c’est que ces dames ne savent pas qu’un homme leur a été attribué, ce qui fausse la relation qui est tout sauf naturel. Pour moi c’est donc un rapport très ambiguë et malaisant qui s’instaure. Cela est d’autant plus vrai pour Jane puisqu’elle « sort du jeu » et s’attache au palefrenier/homme à tout faire avec qui elle a des discussions sur le monde moderne.

Notre héroïne n’avait aucune idée qu’on l’avait « associé » avec le palefrenier dont le rôle était de la séduire. Le souci c’est que de un, Jane n’était pas vraiment là pour ça puisqu’elle souhaite vivre une aventure dans l’univers Jane Austen ou au moins vivre comme au temps de la régence. Elle s’attendait donc à des dîners mondains où l’on échange de bons mots et des répartis cinglantes sauf que non. Le film part dans une toute direction au lieu d’aller dans celle qui me semble être la plus intéressante et la plus intelligente. Non il préfère aller se vautrer dans le gras et le vulgaire.

Le second souci, c’est le palefrenier. Pas forcément le personnage en lui-même, on essaie tout de même de nous le présenter comme sympathique, mais ce que le film en fait. Déjà, le fait qu’on est associé le palefrenier et la jeune orpheline dans le scénario renvoie plus à de la regency romance qu’à véritablement une histoire de Austen.

L’autre point le concernant c’est son traitement, pas en tant que personnage en lui-même mais de ce qu’il dit des femmes et de l’héroïne. Au départ, nous avons juste l’impression que Bret Mckenzie est véritablement un homme à tout faire à qui on a demandé d’enfiler le costume de palefrenier pour le décorum. Sauf que finalement on se rend compte que c’est un acteur qui doit faire semblant de jouer les palefreniers. Ce qui change la donne. En effet, il n’est de ce fait pas considéré par l’héroïne (comme par le spectateur) comme faisant partie du lot de ceux jouant la comédie pour le plaisir de ces dames. Jane et le spectateur sont donc tout deux dupés. Jane ne joue pas le jeu avec lui, elle lui parle et échange avec lui comme avec une personne du XXe et Bret fait exactement la même chose. Discuter avec le palefrenier est pour Jane un moyen de s’évader de cet univers factice, d’avoir pied avec la réalité. Nous voyons donc que c’est une femme rationnelle, avec les pieds sur terre qui ne tombe pas à pied joint dans le fantasme. Elle n’est pas là pour séduire ou se laisser séduire. Bret, de son côté, nous convainc qu’il est différent des autres du groupe de par son statut d’homme à tout faire et le fait qu’il ne vit pas avec les autres acteurs dans leur bungalow. Il dit à notre héroïne qu’elle n’est pas comme les autres et qu’elle est différente de ces femmes (en manque) qui viennent habituellement dans le parc. Sur ce point, j’ai quelque peu tiqué. Le personnage exprime clairement une forme de dégoût et de réprobation pour les clientes qui viennent dans ce parc. Le film fait en sorte de ne pas lui donner tort vu leurs comportements. Et si j’ai moi-même exprimé une certaine aversion pour elles, c’est plus pour la manière dont elles sont traitées et de comment le film les traite. Finalement Bret montre le même mépris que les quelques ex de Jane que nous avons aperçu.

L’autre point que j’ai évoqué plus haut et qui me gêne, c’est que leur relation est fondée sur un mensonge. Si Bret avait joué un personnage Austenien, tel un Darcy,  et que Jane s’était laissée prendre au jeu ne sachant plus distinguer le vrai du faux, j’aurais dit « pourquoi pas ? ».

Ici c’est plus vicieux car elle tombe amoureuse du seul acteur qui joue à ne pas être l’acteur, qui fait semblant de ne pas jouer. Dans le premier cas, on aurait pu dire qu’elle se serait prise à son propre jeu, dans le second on la dupe de bout en bout puisqu’il lui promet même se la revoir après et de continuer leur relation hors cadre alors qu’il n’en a aucune intention. Ce qui me gêne c’est que Jane n’est pas volontaire dans cette mascarade, on la manipule. La fille avec un brin de jugeote devient une jeune femme romantique et naïve prête à croire le premier type qui se montre un tant soit peu sympa avec elle.

Sa relation avec Jane n’a pas vraiment de sens. La fin nous montre qu’il n’a jamais eu aucun intérêt réel pour Jane et que sa drague était sur demande de sa patronne. Dans ce cas, pourquoi nous montrer des moments où il se montre jaloux alors que personne ne le regarde ? Dans le contexte, ça n’a pas de sens.

Le pire, c’est que pendant un instant je me suis fait avoir car le début du film nous laissait penser que l’histoire aller se passer avec Nobley. Sauf que le film se tourne vers le palefrenier. Je me suis dit « ah tiens, ça change pour une fois ! ». Sauf que au final « Hey non ! ». J’ai même cru un instant que pour une fois, l’héroïne allait repartir sans personne, sans mâle ou amour sortir par magie du chapeau. Mais non. Le film va passer du temps sur la relation entre Jane et le palefrenier et pas du tout sur Jane/Nobley qui vont se retrouver finalement ensemble parce que…magie du scénario.

Et si les personnages féminins ne sont pas glorieux, autant les clientes que la gérante, une ex actrice en manque de reconnaissance qui traite Jane comme une moins que rien parce qu’elle n’a pas assez payé pour son séjour, parlons des personnages masculins.

Nous avons le mari ( ?) de la gérante, un alcoolique qui harcèle sexuellement les clientes qui reprend en quelque sorte son rôle de poivrot qu’il était dans P&P95 avec Mr Hurst.

Le capitaine de navire tout droit sortie d’une romance bas de gamme, ancien acteur de série Z (ou de porno on ne sait pas trop), pas bien malin et qui passe son temps à regarder les séries où il apparait. Il n’est donc,  malgré les apparences, absolument pas sûr de lui.

Le colonel qui en fait également des caisses pour cirer les pompes de ses dames mais essaie tout de même de rendre leur séjour agréable. Le film te crie qu’il est gay quand bien même il se fait littéralement harceler sexuellement par Jennifer Coolidge (gros moment de malaise).

Et nous avons le pauvre Nobley, sorte de Darcy du pauvre qui fait la gueule tout le temps et on le comprend quand on sait qu’il a été trainé dans ce parc pour faire plaisir à sa tante qui n’est autre que la directrice. J’ai eu mal pour ce pauvre JJ Field comment a-t-il pu finir dans un truc pareil ?

Sa relation avec Jane aurait été intéressante si elle n’avait pas été non existante. Je n’ai pas du tout sentie d’alchimie entre eux. Nobley tombe sous le charme de Jane on ne sait trop comment et je regrette que nous n’en apprenions pas d’avantage sur lui. Nous savons juste qu’il n’est pas acteur mais prof d’histoire, qu’il est le neveu de celle qui dirige le parc et qu’il sort d’une rupture amoureuse difficile. Point. Jusqu’à la quasi fin, Nobley joue Nobley parce qu’au final, contrairement aux autres il n’a jamais caché son identité, il s’appelle vraiment Nobley.

Ce qui me chagrine c’est que le triangle amoureux est mal géré, entre Jane, Nobley et Bret. Entre l’héroïne, celui dont on ne sait pas s’il fait semblant d’être amoureux (le mec normal qui joue à l’acteur) et celui dont on pense qu’il est vraiment amoureux (l’acteur qui joue le mec normal).

Le seul passage que j’ai véritablement apprécié et dont l’humour a fonctionné sur moi, c’est le moment à l’aéroport en fin de film. Je l’apprécie parce qu’il contient la seule blague méta du film où Bret révèle qu’il n’est pas anglais mais néo-zélandais et où JJ Field lui rappelle qu’il a joué dans le seigneur des anneaux (hello Figwit).

Un des rares bons passages du film

Pour conclure sur ce film dont j’ai, à mon sens, plus discouru qu’il ne le mérite, je n’ai pas trouvé que c’était un bon film. Je n’ai même pas trouvé que c’était un film distrayant dans le genre pas prise de tête. J’ai trouvé ce film, mal géré, mal écrit, pas drôle, lourd, vulgaire et pas subtil. Il y a cependant quelques bons mots ou scènes qui arrivent à se démarquer mais malheureusement ça ne sauve pas le reste.

Je trouve ce film problématique car je ne sais pas ce qu’il essaie de dire. Ce film ne parle clairement pas de Austen, ni de son univers mais est une caricature de caricature. Je ne sais pas ce qu’il essaie de dire au sujet des femmes qui sont dans ce film. Est-ce que c’est : « réveillez vous les filles le prince charmant n’existe pas » ? Est-ce que c’est une manière condescendante de dire aux jeunes femmes célibataires qu’il faut qu’elles arrêtent de fantasmer et doivent revenir à la réalité dans laquelle on les traite comme de la merde ?

Ce film c’est du potentiel gâché sur la manière de traiter un univers et un phénomène avec des bons acteurs et que j’apprécie qui ici se retrouve dans un navet.

Très certainement que mon discours sur Austenland, ne va pas encourager les gens à aller le voir. Cependant, je pars du principe que vous faites ce que vous voulez de mon avis qu’il vous plaise ou non. Allez voir le film si vous le souhaitez et je serez ravie d’en discuter avec vous par la suite.

Sanditon, la plus mauvaise adaptation ?

En 2019 ITV décide d’adapter le roman inachevé de Jane Austen: Sanditon. Branle bas de combat chez les adeptes de period dramas et les fans de l’autrice. Depuis des décennies, les principaux romans de l’écrivaine anglaise sont mises en scène sous toutes les formes : films, séries, pièce de théâtre, j’en passe et des meilleurs. Cependant certains romans, notamment ceux inachevés ou trop courts n’ont jamais eu cet honneur. Et voilà qu’en 2016 un film reprenant le roman épistolaire Lady Susan qui arrive sous le nom de Love and Friendship, et en 2019 une série sur Sandition.
De plus, pour cette dernière, c’est Andrew Davies qui est aux commandes. Lui a qui nous devions la série culte d’Orgueil et préjugés de 1995 et qui est responsable d’une flopée d’autres adaptations de Jane Austen (Northanger Abbey, Raison et sentiments) et d’œuvres littéraires : La petite Dorrit, Guerre et paix, Avec vue sur l’Arno, Les misérables...Une série sur une oeuvre injustement boudée avec un spécialiste du genre dont le travail d’adaptation n’est plus à prouver, tout ne pouvait aller que pour le mieux, n’est-ce pas ?
Et bien oui….et non. Après avoir écumé, le web, il faut bien constater que Sanditon ne fait pas l’unanimité mais bénéficie tout de même d’une certaine aura.

Mais venons-en à l’essentiel, Sanditon la série est-elle une bonne adaptation du roman d’origine ? Non. Clairement non.
Mais comment puis-je juger ces qualités intrinsèques alors que je n’ai même pas lu le roman ? Je n’ai effectivement pas lu le roman car comme je l’expliquais, il y a fort longtemps, je prend mon temps. Toutefois, j’ai lu Jane Austen, j’ai étudié son style, je connais ses personnages et ses dérivés, je connais maintenant assez bien les period dramas anglais et ce qui touche de près ou de loin à la régence, je peux donc dire ce qui a mon sens fonctionne et ne fonctionne pas.
Cependant dire que c’est une mauvaise adaptation ne veut pas dire que c’est une mauvaise série, loin de là. Sanditon est une série correcte. Elle n’est pas parfaite, possède de nombreux défauts qui sont contrebalancés par une aura de sympathie et de bons acteurs. Cette aura elle l’a doit sans doute à sa diffusion le dimanche soir et au fait d’être devenue un plaisir coupable partagé par de nombreux internautes sur les réseaux sociaux. Toutefois, malgré l’engouement qu’elle a l’air de suscité, la série ne sera pas renouveler pour une seconde saison alors que ses auteurs en avaient prévu plusieurs. Prévoir plusieurs saisons pour une oeuvre qui, rappelons-le, ne fait que 11 chapitres et n’a jamais été terminée (même si plusieurs fois complétée par d’autres) est audacieux. Pour ma part, cela montre clairement une volonté de s’éloigné du matériau d’origine. Nous allons donc plus vers l’adaptation libre, voir d’inspiration régence que d’une véritable adaptation littérale.
Quoiqu’il en soit, Sanditon n’a pas su fédéré autant que ITV l’aurait souhaité, de ce fait elle n’a pas été reconduite et a laissé beaucoup de spectateurs sur le carreau. La fin n’étant pas vraiment une fin mais un cliffhanger, elle a brisé le coeur de nombreuses personnes. Cependant, les réalisateurs ne désespèrent pas de donner une suite à leur histoire et ce tourne désormais vers PBS (le réseau américain) comme potentiel nouveau partenaire. De leur côté les fans ont lancé une pétition et une vague de protestation sur les RS pour avoir le retour de leur série, au moins pour qu’elle ne finisse pas, comme le roman de Jane Austen, inachevée.

En 11 chapitres, Austen n’avait fait que poser les bases de son intrigue. Plusieurs personnages n’arrivaient malheureusement qu’à la fin et n’avait que quelques lignes pour brosser leurs caractères. De ce fait, cela laisse tout loisir à l’interprétation que cela soit des personnages, du décor ou de ce que Austen avait en tête.

De quoi parle Sanditon ?

Pour faire court, Sanditon est le nom d’une ville en bord de mer dans laquelle se rend la jeune Charlotte Heywood. Cette dernière après avoir porté secours à un couple (les Parker) après leur accident de voiture, se voit inviter par ses débiteurs à passer l’été dans la station balnéaire que Mr Parker essaie de faire prospérer. Là bas, Charlotte fera la rencontre de nouvelles personnes : la riche veuve Lady Denham, principal investisseur du projet de Tom Parker, les neveux de celles-ci Sir Edward Denham et sa soeur Esther, son autre nièce Clara Brereton, la jeune héritière Miss Lambe, le jeune Stringer travaillant comme ouvrier sur le chantier de Tom et enfin la famille de Tom Parker, notamment le frère de celui-ci, le jeune et ténébreux Sydney Parker.

Regency romance vs réalité

Nous pouvons pardonner à la série son aspect carton pâte. Les premières vues de la ville font très bon marché, de même que certains costumes et décors. Les décors d’intérieurs sont toujours les mêmes, à croire que les grands châteaux n’ont qu’une seule pièce. Et même ces intérieurs font vides et clinquant. Cependant, la série arrive à nous gratifier de beaux paysages et de belles scènes extérieures. Oui nous sommes bien sur les bordures de falaises, ballottés par le vent et les embruns.


Toutefois, il a des éléments dans la série qui sont plus présent et plus discutables, notamment le traitement de l’aspect romantique. Il s’agit sans doute d’un des reproches que j’ai le plus vu parmi les critiques françaises. Sanditon ne serait pas inspiré de Jane Austen mais bien plus des regency romance. Vous voyez le héro ténébreux avec un passé douloureux, sans doute causé par une femme, qui s’adonne à la boisson et au plaisir du jeu ? Vous voyez la jeune ingénue débarquée de sa campagne avec une certaine vision de la vie et de l’amour ? Vous voyez toute cette tension amoureuse et sexuelle qui n’ira jamais plus loin qu’un baiser et dont on ne saura rien une fois la porte close ? Vous avez là les ingrédients principaux d’une romance régence. Pourquoi régence ? Parce que cela se déroule durant cette période, par contre cela a été écrit par des autrices plus contemporaines pour un public principalement féminin. Celles et ceux qui ont déjà lu du Georgette Heyer ou sa copie Barbara Cartland doivent voir de quoi je parle.
C’est en partie pour cela que certains ont criés au scandale : le non respect de tout un tas de règles de bienséances et d’étiquettes qui ne sont pas respectées. Sydney Parker se balade toujours avec une barbe de 3 jours, Charlotte est toujours échevelée en balade et sans chaperon, les personnages se connaissent à peine mais parlent plus ou moins ouvertement de sexe ou de leurs problèmes amoureux.

Cette couverture manque d’épaule dénudée et de torse musclé.


J’ai même eu l’impression de voir une Mary Sue avec Charlotte. Charlotte sait chasser, ramer, jouer au cricket, n’a pas peur de déchirer sa robe et de jouer les infirmières, est une parfaite secrétaire, s’y connait en architecture, peut aller à Londres toute seule et n’est pas plus choquer que cela de rentrer dans une maison close. Oui Charlotte sait quasiment tout faire. Cependant, cela est contrebalancé par quelques défauts, que je qualifierais d’artificiels par leurs côtés forcés.
Rappelons que Charlotte a toujours vécu à la campagne avec sa famille (pour se qu’on en sait) et qu’elle découvre la mer et sa faune. Notre héroïne pose donc des yeux nouveaux sur tout un tas de choses, un regard émerveillé, bienveillant, parfois naïf. Toutefois, l’histoire et le contexte nous montre que Charlotte et une jeune femme indépendante, équilibrée et tout à fait capable de penser et de faire les choses par elle même. Pourtant à plusieurs reprises elle sera accusée de jugement hâtif, de préjugés, de naïveté. Il suffit de prendre la scène du bal à la fin du premier épisode. Charlotte s’accorde une pause et regarde l’ensemble du bal du haut d’un balcon à côté de Sydney Parker, s’engage alors une discussion entre eux. Celle-ci admet aimer observer les gens et dessiner leur caractère à partir de ce qu’elle voit (des interactions qu’elle a eu avec ces personnes ainsi que de ce qu’on lui a dit). Sydney lui demande alors son avis sur sa famille, notre héroïne lui donne avec un certain enthousiasme, sans arrière pensée, sans médisance. Elle donne une définition qui sonne à mes oreilles plutôt juste, pour se faire rabrouer de manière la plus désagréable qui soit et de façon qui est, selon moi, totalement gratuite. Si Sydney ne voulait pas de son avis pourquoi l’avoir sollicité ? Et c’est quelque chose que nous retrouvons par la suite à plusieurs reprises. Charlotte devra plusieurs fois s’excuser de ses préjugés, notamment à l’égard de Sydney qui se montre dans la première moitié de la série assez odieux avec elle. Cela m’a donné une impression d’artificialité dans leur relation dans le sens où les deux doivent forcément se détester avant de tomber dans les bras l’un de l’autre. Chacun accuse l’autre de quelque chose : Sydney accuse Charlotte d’être une pauvre fille de la campagne qui ne connait rien du monde et elle l’accuse en retour d’être une personne sans coeur, raciste, en plus d’être esclavagiste. Du côté de Sydney, je trouve que ses accusations sont de mauvaise foi car il a pu voir à plusieurs reprises que Charlotte était plus que cela. Dans le cas de cette dernière, compte tenu du contexte de l’époque, de ce que lui disent ses amis et du comportement de Sydney, elle est en droit de croire à ce qu’elle dit. Personnellement, j’aurais tendance à me ranger de son côté que du sien à lui. Sydney va donc devenir un personnage que le spectateur, et surtout la spectatrice, va adorer détester tout en nous le rendant sexy. Car s’il fait mal, c’est parce qu’il a de bonnes raisons.

Que serait une adaptation de Austen sans ses scènes de bal ?


Ces interactions démontrent une mécanique qui est loin de la critique minutieuse et des petites piques ironiques de Austen. Les sentiments sont plus exacerbés, on parle avec moins de retenue, les grosses ficelles sont montrées. Non nous sommes effectivement loin de Austen, mais plus près de tempéraments mille fois esquissés mais dont la recette fonctionne toujours. Il a été remarqué à plusieurs reprises que leur relation faisait écho à celle de Darcy et d’Elizabeth. Encore une fois, je dirais que dans cette optique de « on se déteste d’abord avant de s’apprécier ». La relation dans P&P reste surtout verbal, Darcy ne crache pas sa rage à la face d’Elizabeth à la moindre occasion et même lorsqu’ils se disputent cela reste polie et contenue. Non, chez Sydney, c’est de la rage bouillonnante prête à exploser au moindre instant. Charlotte le fait sortir de ses gongs, au point qu’on a l’impression qu’il est à la limite d’en venir aux mains. Dans la réalité, personne ne dirait que c’est une relation saine. Oui Sydney est très dévoué à ses amis et sa famille, oui il deviendra un homme meilleur, plus calme, en se confrontant à Charlotte. Cependant, il n’en demeure pas moins que nous pouvons nous demander si la méthode est bonne. Ce n’est pas parce que la série nous le montre en tenue d’Adam qu’il est soudainement plus sympathique. Peut-on encore écrire un personnage comme cela en 2019 ? Sydney fonctionnerait sur moi si j’étais encore ado mais ce n’est plus le cas.

Sanditon est donc un lieu, où sous se calme apparent, règne complot, manipulation, enlèvement, amour contrarié…dans lequel des personnages de Austen semblent s’être perdus notamment le couple d’hypocondriaques formé par le frère et la soeur Parker.

Sea, sex and sun

Apparemment, les coins d’eau en Angleterre, comme Bath ou Brighton, sont des lieux où relâcher la tension, faire de nouvelles rencontres (pas forcément bonnes), se trouver un époux ou une épouse et où la mixité sociale serait plus forte. En somme, là bas, tout peut arriver. C’est amusant de penser que c’est encore le cas aujourd’hui d’une certaine façon (surtout Brighton, Bath est plus familiale). Sanditon est donc une ville en pleine expansion, où du moins elle essaie, autour de laquelle gravite plusieurs personnages et intrigues. Ce qui fait que Andrew Davies nous a rajouté plusieurs scènes à caractère sexuel. Scandale chez les fans purs et durs de Jane Austen pour qui ont dénature l’oeuvre d’une grande autrice. Entre ceux qui ont lâchés au bout de quelque épisodes, trop dégoûtés pour continuer, et ceux qui ont eu l’impression d’avoir perdu 8h de leur vie qui ne reviendront jamais. Il y a évidemment d’autres éléments qui ont joué sur ce désamour qui ne sont pas liés aux scènes sexuelles mais j’y reviendrais.

Non, rien de rien…les fesses de Sydney ne me font rien.


Entre une masturbation en pleine forêt (j’avoue que la première fois le « handjob » m’avait échappé), un couple qui s’adonnent au plaisir de la chair à même le sol marbré, le héros ténébreux de la série qui surgit de l’eau en tenu d’Adam, les relations sulfureuses entre des frères et sœurs (non liés par le sang)…Pour certains c’étaient « too much », en inadéquation avec l’esprit de Austen, ou encore vulgaire…pour d’autres c’était un souffle bienvenue. Cette présence de sexe tant décriée est du à plusieurs choses. Déjà Davies serait connu pour rendre plus sexy certaines adaptations littéraires. On se souviendra longtemps de la chemise mouillée de Mr. Darcy qui a tant fait chavirer les coeurs au point d’être devenue culte et d’être repris dans Bridget Jones et Lost in Austen. Par la suite, Davies a rajouté une relation incestueuse dans son adaptation de Guerre et Paix, non présente dans le roman. Le hic c’est que ça sent le recyclage dans Sanditon : un beau brun ténébreux qui sort de l’eau ? Check. Un relation scandaleuse entre membre d’une même famille ? Check. Sauf que dans le cas de la fameuse chemise mouillée de 95, si on met de côté l’aspect fan service de la chose, cela permettait également d’avoir un des rares moments où l’on pouvait rentrer dans l’intimité de Darcy. Nous le retrouvons sans sa carapace, mis à nu pour ainsi dire, et en proie à ses désirs, tentant d’oublier Elizabeth. Ici Sydney Parker est nu parce que…euh..il voulait prendre l’air. Mais là où nous avions un Darcy déconfit et mal à l’aise quand il tombe nez à nez avec justement la personne qu’il voulait éviter, Parker affiche pleinement sa nudité sans gêne et semble même s’en amuser. J’imagine que c’est pour marquer le côté mauvais garçon.
Davies aurait souhaiter montrer que derrière cette façade guindée se cache la luxure et le vice. Certes, personne n’est dupe que cela existait, cependant c’est tellement mal amené, tellement peu subtil. Actuellement il semblerait qu’il y ait un vent de changement dans les period dramas : l’ajout de personnages plus diversifiés et surtout le fait que cela commence à se décoincer. Des critiques ont pointé les nouvelles approches de ce qui touche à la chair dans un monde post #metoo. Tout n’y es pas forcément érotique et glamour. Et des séries arrivent à parler intelligemment de la chose.
Parler de sexe et de sexualité n’a jamais été un soucis pour moi, mais tout dépend de comment on le fait. Je pense que beaucoup de personnes en ont assez de voir des femmes nues pour le plaisir de mettre des femmes nues sans que cela n’apportent rien à l’intrigue, à l’univers, aux personnages. Toutefois, j’ai appris avec le temps qu’il n’y a rien de plus sexy qu’une cravate savamment décravatée et qu’une simple caresse du bout des doigts pouvait exprimer bien plus que des gens s’envoyant en l’air en gros plan. C’est un fait connu que suggérer plutôt que montrer s’avère souvent plus efficace à faire travailler l’imagination du spectateur.

Une bonne louche de modernité

On ne demande jamais vraiment à une adaptation d’être 100% littérale. Soyons honnête cela serait très ennuyeux. Il est plus intéressant d’apporter un autre éclairage sur le texte ou encore sur la période. C’est ce que fait Sanditon au départ avant de laisser quelque peut l’aspect social.
En effet, Miss Lambe était le premier personnage métissé apparu dans une oeuvre de Austen, malheureusement nous ne serons jamais ce que l’autrice avait prévu de faire de ce personnage. Cependant, avec Mansfield Park, cela a permis d’extrapoler sur la position de Austen concernant l’esclavage. De ce fait, la série prend le partie de rendre Miss Lambe noire, fille qu’un gentleman ami de Sydney a eu avec une esclave. Le soupirant de Miss Lambe est lui-même un esclave affranchi tentant de faire fortune et militant pour la libération de ses frères africains. Car, comme il nous le sera expliquer dans la série, ce n’est pas parce que la traite des noirs est désormais interdite que l’esclavage et le racisme ont disparu. Charlotte apprendra donc d’où vient, en partie, la fortune de tous ces riches messieurs et sur quelles vies sacrifiées reposent le sucre qu’elle met dans son thé et le coton qui sert à fabriquer ses robes.

Miss Lambe, véritable touche de modernité ?


En plus de poser les bases d’un contexte historique et social spécifique, Sanditon s’aventure sur les activités de plein air de l’époque. Outre les éternelles balades de bord de mer, nous voyons des piques-niques, des concours de châteaux de sable, des courses de bateaux, des matchs de cricket et des baignades. La série essaie donc d’apporter un fond « réaliste », de donner une consistance à son univers, là où Austen restait souvent vague.
Il en va de même en ce qui concerne la ville et son expansion qui est, en quelque sorte, le fil conducteur de la série. Sanditon doit devenir une ville balnéaire à la mode. Comment faire pour attirer les gens ? Il faut faire venir des touristes fortunés, construire des résidences, organiser des fêtes, des activités, il faut faire en sorte que jamais les gens ne s’ennuient. Sydney Parker le londonien, avec ses contacts et donc celui chargé de ramener tout ce beau monde, même si au final il ramène toujours les deux mêmes clampins. On nous montre, de manière que je qualifierais d’un peu simpliste parfois, tout ce qui peut être mis en oeuvre en terme de communication à l’époque.
Sanditon met aussi en scène les changements sociaux qui s’opèrent dans l’Angleterre du XIXe. Nous voyons des ouvriers dont certains essaient de s’extraire de leur condition par la force de leur poignée et leur talent. Des travailleurs prêt à se mettre en grève pour de meilleur condition de travail, fatigués de promesses de gentlemen qui ne valent plus rien à leurs yeux. Des gentlemen d’ailleurs montrés la plupart du temps comme oisifs. Sanditon c’est la mention de cette Angleterre industrielle montante que nous retrouverons dans des oeuvres comme Nord et Sud. C’est aussi l’occasion de voir apparaître de nouvelles inventions (même furtivement) comme la douche et les avancées de la médecine.

Néanmoins, richesse et classe sociale restent encore très présente et se jouent sur des éléments qui peuvent nous paraître insolite aujourd’hui. En effet, un épisode se pose sur une réception en l’honneur de Miss Lambe et sur l’achat d’un ananas. Cela peut sembler ridicule de mettre en avant ce fruit, certes maturé en serres, mais livré dans un coffret comme s’il s’agissait de diamants. Il trône fièrement au milieu de la table et sa découpe sera le clou final du dîner.

L’ananas de la discorde.

J’ai évoqué la présence de débauche et de sexe qui avait tellement rebuté nombre de spectateurs. Si effectivement la subtilité n’est pas de mise, elle a toutefois le mérite de montrer de manière très frontale l’amour comme « capital ». Généralement les gens confondent les oeuvres de Austen avec de la romance et mettent de côté tout ce microcosme passé au crible de la critique ironique. Cet aspect bluette, nous le devons beaucoup aux adaptations qui nous montrent des baisers, des mariages, des tensions sexuelles et romantiques aux travers d’échanges et de danses. Sanditon n’échappe évidemment pas à la règle mais met également sur le tapis la position des femmes dans la société. Que cela soit Charlotte, Georgiana Lambe, Esther Denham, ou encore Clara Brereton, toute montre un aspect de ce qui attend les femmes sous la régence.
Charlotte n’est pas riche, elle n’est pas à Sanditon en quête d’un mari, même si c’est ce que certaines femmes espèrent pour elle. Non Charlotte, si elle trouve quelqu’un se sera pour aimer dans un respect et une compréhension mutuelle.
Georgiana Lambe est l’héritière d’une grande fortune, ce qui fait d’elle une proie pour les chasseurs de dotes et autres prédateurs en tout genre. De ce fait, ses relations sont étroitement surveillées par son tuteur. Elle doit se marier avec quelqu’un qui égale son rang. Elle est par conséquent, comme le montrera son kidnapping, une femme qui se troque et se monnaye. L’important n’est pas qui elle est, mais ce qu’elle représente puisque sa fortuite passera directement sous la coup de son mari.
Esther Denham fait partie de la caste des gens de la haute désargentés qui n’ont rien d’autres que leur prestige à troquer. Cela est représenté par son château qui part à vau-l’eau. Elle, tout comme son frère, sont priés de se marier pour renflouer les caisses. Esther est donc une personne présentée comme froide et calculatrice, uniquement motivée par l’appât de l’argent. Bien qu’elle ne soit pas pressée de se marier, elle n’est pas aveugle aux effets qu’elle fait sur les hommes (un en particulier).
Clara Brereton est la parente pauvre et sans rang, obliger de jouer les dames de compagnie en espérant gagner les faveurs d’une vieille tante. Elle aussi est priée de se marier (mais moins prestement). Son comportement est moins motivé par l’argent que par un besoin de survie, quel qu’en soit les moyens.
Les deux premières cherchent l’amour mais pour l’une c’est sa pauvreté qui fait obstacle, pour l’autre c’est son argent. Les secondes cherchent l’argent mais pour l’une c’est l’amour qui fera obstacle, pour l’autre le sexe.
On regrettera cependant, qu’il y ait si peu d’amitié féminine saine au sein de la série. Certaines auraient pu être développées comme Charlotte/Esther/Clara, quand d’autres sont à peine esquissées (Charlotte/Mary), voir sorte de nulle part compte tenu du contexte (Charlotte/Lady Susan). Il n’y a qu’à voir les femmes entre elles. Lady Denham, aussi franche qu’elle soit, est un tyran.

Jane Austen montrait dans nombre de ses œuvres que le mariage et « l’amour » étaient mu par des échanges financiers. A moins d’être riche et bien lotie, le mariage était votre seul salut. Et même si vous étiez riche, un mariage ferait directement passer votre argent sous la responsabilité de votre mari. Chez Austen point de passion dévorante, de sentiments à fleur de peau, nous ne sommes pas chez les Brontë. Les héroïnes austenienne recherchent des partenaires, des personnes qui les respectent et qu’elles respecteront.
Le personnage de Clara est le plus ambiguë de part son traitement. Dans le roman c’est une belle et douce jeune femme. Dans la série, ces traits ne sont qu’apparent puisqu’il nous est rapidement révélé qu’elle est loin d’être une jeune oie blanche. Avec elle, la série évoque le traitement des femmes avec un regard post #metoo. Clara a été victime d’abus sexuelle et même d’inceste. Cependant, elle est loin d’être une victime larmoyante, repliée sur elle même à cause du traumatisme. Cette expérience l’a transformé en une personne différente. Clara n’aime pas les hommes, elle ne sait que trop bien ce dont ils sont capables. Elle a également bien vite compris qu’elle pouvait se servir de son corps et du sexe comme d’une arme pour obtenir ce qu’elle souhaite. Là où Esther malgré sa méchanceté, reste digne, Clara, elle, n’hésite pas à se salir les mains. Elle est déjà souillée alors quitte à l’être un peu plus. Comme dira la personnage à plusieurs reprises dans la série « Je n’ai rien à perdre ». Esther reste par son traitement une méchante plus classique. Elle ne sort sa langue de vipère que de manière calculée et réplique quand on s’attaque à elle. Esther ne minaude pas et son caractère reste entier. Clara, se son côté, attaque partout et tout le temps, même quand elle semble motivée par de bonnes intentions. Bizarrement je n’ai pas eu de sympathie pour se personnage que j’ai trouvé détestable. Sans doute parce que Clara continue de s’enfoncer, malgré qu’elle soit consciente de ses actes, trop motivée par la rancœur, alors que Esther a toujours été honnête quitte à paraître froide. Esther finira par jeter les armes fatiguée de jouer le jeu d’autres et de l’environnement dans lequel elle évolue gangrené par l’argent. Elle est, au final, également une victime, pas au sens sexuel et physique mais au sens psychologique. Victime d’un homme qu’elle aime dont elle verra finalement qu’il est plus touché par le cancer de l’argent qu’elle. Esther aura droit à la rédemption et à la récompense en s’amendant, en s’affranchissant des relations toxiques qu’elle entretient.

Jeune Stringer, tu étais trop bien pour cette série.

Les hommes n’ont pas contre pas vraiment le beau rôle dans la série. Il suffit de voir les frères Parker : l’aîné est un mauvais gestionnaire qui fuit ses responsabilités de patron et de père de famille, le second est froid, bourru et prompt à critiquer, le dernier est un hypocondriaque grassouillet (tendance bipolaire selon moi). Les amis de Sydney Parker ne pensent qu’à la boisson et au plaisir immédiat, même si l’un d’entre eux s’adoucira. Edward Denham, le frère d’Esther est calculateur et égoïste. Le seul qui s’en sort c’est le jeune Stringer. Personnage absent du roman (enfin présent sous une autre forme), c’est un ouvrier de Sanditon honnête, droit, travailleur, loyal envers ses amis, ses hommes et sa famille. Il aime son père qu’il respecte et tombe sous le charme de Charlotte. Il a de l’ambition mais ici cela est montré que c’est pour quelque chose qu’il a à coeur, pour lequel il travaille dur et qu’il ne magouille pas pour avoir. Les échanges entre Stringer et Charlotte font plaisir à voir car ils sont honnêtes, sans faux semblant et se font sur un pied d’égalité. Ils apprécient leur compagnie mutuelle (l’un plus que l’autre). Il est dommage que la série pousse Charlotte et le spectateur vers Sydney qui se montre, durant une grande partie des épisodes, détestable. Stringer est attiré par Charlotte mais ce sont leurs échanges (hélas pas assez nombreux) qui renforcent son affection. Il a conscience qu’elle est sans doute trop bien pour lui, dans le sens de « en dehors de sa classe sociale », mais il ne tombe pas dans le trope du « nice guy ». Lorsqu’il se rend compte que Charlotte en aime un autre, il préfère taire ses sentiments et lui souhaiter bonne chance.

Pour conclure

Sanditon part donc d’un matériau de base existant pour finalement s’en défaire, en ajoutant de la modernité mais hélas peu de subtilité. L’oeuvre devient donc un soap opera plaisant mais des plus banals, peu de temps et de subtilités sont accordés aux dialogues et on laisse fondre le spectateur dans le mélo.

Je peux donc comprendre la frustration des spectateurs qui après 8 épisodes de presque 1h se sentent flouées avec une série qui à l’audace de ne pas se terminer. Une série avec quelques bons passages qui, hélas, ne sauvent pas les facilités scénaristiques et la pauvreté de certains dialogues. Rien n’est à reprocher aux acteurs eux-mêmes qui sont tous très bons, les reproches sont plus à faire en coulisses. Beaucoup en veulent à Andrew Davies de finir la série de telle façon. Je comprends les gens tellement mécontent de la fin qu’ils ne souhaitent pas de seconde saison. A vrai dire si un jour une autre saison il y avait, que resterait-il à dire ? Outre la relation Sydney/Charlotte/Stringer ? Pour quels motifs Charlotte reviendrait-elle à Sandition maintenant que l’été est terminé ?

Au final, ce qui est bien avec Sanditon, c’est que l’on ait aimé ou pas la série, il y a quelque chose à en dire.

Orgueil, préjugés…et zombies.

Oui vous avez bien lu. Zombies. Nous allons parler de Jane Austen une autrice anglaise début XIXe et de mort-vivant. Ne vous inquiétez pas, tout ceci est parfaitement logique cependant une petite explication s’impose.
Dans les années 90′ a débuté la darcymania (merci PP95) et surtout un regain d’intérêt pour Jane Austen qui entraîna dans les années 2000 plusieurs adaptations de ses oeuvres. Des adaptations plus ou moins libres on en connaissait. Certaines se situées dans des univers plus contemporain (Clueless), voire dans une autre culture (Bride and prejudice). Cependant, cela ne s’arrêtait pas à l’audiovisuel et les dérivés écrits anglais jusque là inédit on finit par arriver, notamment par le biais de Milady. Les anglais avaient donc un peu d’avance sur nous. Amourachés de l’oeuvre de Jane Austen et peut être lassé de lire ses oeuvres en boucles certaines (parce que se sont majoritairement des femmes) se sont lancées dans leurs versions des oeuvres de l’autrice avec plus ou moins de succès. Nous avons eu donc droit aux histoires racontées du point de vue des personnages masculins principaux (Le journal de…), aux histoires des potentiels descendants, aux récits de personnages secondaires, au livre dont vous êtes le héros, aux intrigues policières et évidemment au fantastique avec des vampires, des zombies et des monstres marins.

Nous avons donc vu débarqué en France Orgueil, préjugés et zombies. D’abord en roman, puis en roman graphique et en 2016 est arrivé le film. Toutefois, les versions zombies et monstres des mers restent inédites chez nous.
Le roman avec zombies a, semble-t-il, eu un certain succès un partout dans le monde même s’il recueille parfois des réactions très mitigées. Le film par contre a été un échec au box office. Je n’ai pas souvenir de l’avoir vu sur les écrans français (même s’il semble y avoir fait un séjour éclair).

Pour développer un peu plus mon avis sur cette version zombies, il faut remonter dans le temps pour arriver à la rencontre avec le phénomène. Au moment de la sortie en français, j’étais déjà au courant de ces adaptations très libre donc elles n’ont pas été une surprise en soi. J’étais par contre plus étonné par le fait de les voir publiées en français. C’est un pari risqué. Les personnes qui apprécient l’oeuvre de Jane Austen, et les auteurs anglais en général, sont très à cheval sur ce que l’on fait avec le matériau d’origine et il y a parfois des limites à ne pas dépasser. Certains avaient déjà du mal avec la version de P&P2005 alors imaginez avec des zombies…Pour ma part, je n’étais pas très emballé mais comme j’étais dans une période faste et que tout ce qui a trait de près ou de loin à une de mes oeuvres préférées m’attiraient autant essayer. J’ai donc acheté le roman de Seth Grahame-Smith peu après sa sortie chez Flammarion en 2009. Pour marquer le coup, une réédition de Orgueil et préjugés avait été publiée même format, même couverture mais les zombies en moins. A l’époque, j’avais entamé le livre version zombies pour finalement m’arrêter quelques pages plus loin et sans jamais avoir trouvé le courage de le reprendre par la suite. En toute honnêteté, c’est l’un des rares livres que j’ai arrêté en court de route et dont j’ai regretté l’achat au point d’avoir envie de le balancer à la poubelle et d’y mettre le feu. J’ai vraiment eu beaucoup de mal rien qu’avec le début de ce livre. C’est comme si quelqu’un avait fait un copié/collé du texte original en en enlevant toute la substantifique moelle. J’avais trouvé cela fade et plat. Certains passages étaient de mauvais goût, non pas gore, à cause du ton employé, parfois trop contemporain, qui dénotait avec le reste de l’oeuvre. En somme le livre était un mauvais collage. C’est cette impression que j’ai eu à ce moment là en lisant le livre et cela s’est imprimé dans ma tête au point de me dégoûter de cette adaptation.

Avec le recul, je pense que je n’étais pas prête. Il y a des œuvres qu’il ne faut pas se forcer à lire. Dans mon cas, c’est l’envie, parfois soudaine, de me plonger dans une oeuvre alors enfouie dans ma bibliothèque qui m’indique que c’est le bon moment. Quelques années plus tard alors que je flânais dans une rue de Paris, je tombais sur un marchand de livres d’occasions. Evidemment, je ne résiste pas à la tentation et entre dans son antre. Au fond de la boutique, dans une caisse je tombe sur Sense et sensibility et sea monsters. Après quelques hésitations, je finis par repartir avec. Cela marque pour moi le début d’une ouverture, d’un pas en direction vers se détournement fantastique. Je ne le lis pas mais le fait de l’avoir dans ma bibliothèque commence à apparaître comme une forme de fierté, déjà parce que j’apprécie la couverture. Fierté parce que c’est un livre en VO (ça fait toujours bien) et aussi parce que j’arrive à accepter cette dérision de l’oeuvre et de moi-même qui possède ça et ne s’en cache pas.

Quelques années plus tard encore, alors que j’avais une envie de compléter ma collection d’oeuvres en lien avec Austen, je tombais sur le film Orgueil, préjugés et zombies en DVD dans l’hexagone est décidé de l’acheter. C’est lorsque j’en parlais avec un ami, et que celui-ci intrigué avait exprimé le souhait de le visionner, que je décidais de déballer le DVD pour ne finalement le regarder quasiment un an plus tard. Et encore, il faut mettre en place d’autres paramètres. Notamment le confinement. A l’heure où tout le monde reste chez lui, comme beaucoup je me suis dit que j’allais enfin mettre de l’ordre dans mes affaires, lire et visionner tout ce qui s’entasse sur mes étagères et qui attendent depuis des années que je daigne y jeter un oeil. De plus, en ces temps d’isolement et de médias qui diffusent en boucles les mauvaises nouvelles et le nombre de morts, lire du Jane Austen (ou ses dérivés) est apparu comme une évidence. Une émission de France culture sur l’autrice et sa vie évoquait Churchill alité qui relisait du Austen en temps de guerre. C’est un des pouvoirs de Austen, nous faire revivre dans un monde aujourd’hui disparu. Sans être réac’ du « c’était mieux avant », le fait de se replonger dans ce microcosme de la campagne anglaise fait du bien. J’ai donc entamé quelques adaptations littéraires avant de visionner la version 2020 d‘Emma (j’en parlerai sans doute) qui m’a fait ressentir que j’étais prête à regarder le film de Orgueil et préjugés et zombies.

Bref, après cette longue introduction passons enfin au film. Globalement qu’est-ce que j’en retiens ? Pas grand chose. Soyons honnête, ce n’est pas un bon film. C’est un film correct et divertissant tout au plus. Cependant, il est moins déjanté que ce que j’attendais. Je ne sais pas si on peu le qualifier de nanard.

Le film reprend donc l’histoire de P&P mais en y ajoutant des zombies. Conséquences, les filles de bonnes familles apprennent les arts martiaux : japonais si vous êtes riches, chinois pour les autres (même si ça ne sert à rien dans l’intrigue). On se barricade chez soi (la maison des Bennett est une forteresse avec un Dojo) tout en organisant des bals et des dîners mondains. Londres s’est emmuré pour prévenir le reste du monde d’attaques de zombies. Bref la vie suit son cours et l’on fait bien attention lorsque l’on sort dans le Hertforshire.

Première chose. J’ai voulu regarder le film en VOSTFR et il s’est lancé en français. Dès la première phrase j’ai su que quelque chose clochait. Le film n’est pas doublé en français mais en canadien. Plus précisément le français canadien, sans avoir l’accent (sauf pour les noms anglais comme ceux de domaines), cela s’entend. J’ai grandi avec des vidéos avec ce type de doublage donc je les reconnais. J’ai beaucoup de mal avec car je trouve les voix souvent très plates et sans relief. Le fait que le film propose une version française canadienne, en générale, n’augure rien de bon sur la qualité et l’intérêt du film.

Au niveau du casting, il est pour moi 3 étoiles avec de bons acteurs que j’apprécie, que cela soit Matt Smith, Lily James, Charles Dance, Lena Headey…Hélas beaucoup d’entre eux seront sous exploités dans le film. J’avais lu quelque part que le film n’avait pas trop fonctionné notamment à cause de son casting plein de têtes inconnues alors que clairement non.

Concernant le contenu. Le film fait environ 1h45 et mine de rien tout passe très vite. Trop vite. J’ai eu l’impression que tout était expédié, que les répliques étaient débitées. Certes nous connaissons l’histoire et ses personnages mais un peu de construction n’aurait pas été du luxe. Franchement j’ai du mal à croire à l’attachement des personnages que cela soit en actes ou paroles. Ils passent si peu de temps ensemble, se parlent à peine comment y croire ? La déclaration de Darcy dans le roman d’origine et ses quelques adaptations pouvait surprendre mais au final nous lecteur/spectateur avions eu l’occasion d’observer quelques interactions entre eux. Que cela soit les regards que lançait Colin Firth à Jennifer Ehle, les moments de malaise de Matthew McFadyen face à Keira Knightley alors que la réalisation nous faisait ressentir leur attraction malgré eux. Ici rien. Notre Darcy, joué par Sam Riley, n’est ni ténébreux, ni charismatique, et sa voix est complètement éraillée (j’ai du mal). Après avoir dénigré l’héroïne durant le bal, il se montre impressionné et admiratif de son art martial et c’est tout. Sa demande en mariage tombe comme un cheveu sur la soupe et le revirement de Lizzie qui dit l’aimer (et même l’aimer depuis le début) n’a aucun sens. A quel moment s’est-elle mise à l’apprécier ? De même, à quel moment s’est-elle mise à le détester ? Oui il a été grossier une fois, de là à lui vouer une haine éternel…Les héros sont censés apprendre de leurs erreurs et dépasser leur orgueil et leurs préjugés, ce que nous ne voyons jamais dans le contexte de ce film. Sans doute parce que celui-ci ne s’offre aucun temps mort. Il y a bien des moments qui auraient pu, qui auraient du, être émouvant mais qui sont passés si vite (comme la mort du père de Darcy).
Les réalisateurs ont décidé d’aller à l’essentiel, dans ce cas pourquoi garder certains personnages ? Je pense notamment aux Hurst, ils n’ont aucune utilité (il n’en avait déjà pas beaucoup dans le roman), pourquoi s’embarrasser d’eux ? Il aurait plus logique de mettre le colonel Fitzwilliam qui est un militaire, c’est plus utile dans une guerre contre les zombies.

De même l’histoire introduit la notion d’apocalypse proche avec l’apparition des quatre cavaliers. Ces personnages ne servent finalement à rien puisqu’il n’apparaissent que 3 fois (4 à la rigueur).
Le fait que les zombies restent « humains » tant qu’ils ne goûtent pas de chaire humaine et donc que nous pouvons vivre potentiellement avec eux est une idée intéressante. D’autant plus que, comme le dit Wickham, il faut être réaliste, « ils se reproduisent plus vite que nous ». Ajouter ce dilemme était intéressant mais finalement des zombies resteront des zombies.
Le film se finit sans se finir. Je ne sais pas si la scène post-crédit devait annoncé une suite mais il y a peu de chance qu’elle voit le jour.

Le seul élément comique, c’est Collins jouait par Matt Smith, malheureusement sous exploité. Nous avons eu le Collins lourd et obséquieux, nous avons eu le Collins sentimentale et maladroit, ici il est un peu un mélange de tout ça. Il dénote par rapport aux restes par son enthousiasme et sa manière de parler dans laquelle il est dans un premier temps très polie avant de laisser tomber les masques. Il aurait pu être un Collins intéressant, à défaut, il reste sympathique.Lady Catherine en guerrière était quelque chose là aussi d’intéressant mais qui là aussi n’est jamais vraiment développé.
Et c’est sans doute un des problèmes de cette adaptations, le manque d’humour. Le roman d’origine se veut parodique, parfois de manière noire, cynique ou grinçante. C’est pour cela qu’à mon sens, le film aurait pu aller plus loin dans le délire. Certains trouvaient qu’il se prenait trop au sérieux. Déjà qu’il adapte une adaptation. Le film subit pas mal de coupures par rapport au roman pour aller à l’essentiel au point qu’on arrive à des incohérences. Ainsi c’est Wickham qui indique à Elizabeth que Darcy a éloigné Bingley. Les raisons évoquées sont les mêmes que dans le roman de Austen alors que dans le roman de Smith c’est parce qu’il croit Jane infectée, ce qui est plus logique dans le contexte. Au final ce n’est pas tant le fond qui pose problème que la manière dont cela est amené. Que cela soit par une autre personne pourquoi pas mais pas Wickham qui vient de se faire jeter de chez lady Catherine de Bourgh, l’endroit indiqué comme le plus sûr et le mieux gardé de toute l’Angleterre. Le gars retourne au château comme si de rien n’était. Il sort de nulle part au milieu de la nuit pour balancer deux-trois révélations à Lizzie et repartir. C’est incohérent dans le film.
Idem, pourquoi capturer Lydia ? Pourquoi faire ?

Le film souffre à mon sens de ne pas avoir su saisir l’opportunité qui s’offrait à lui en restant grand public dans un ton plus film d’aventure. Sans aller jusqu’à faire du Romero, les films de zombies ont permis par moment d’élaborer une critique de notre société. Jane Austen critique et caricature un microcosme. Sans nécessairement garder le côté guindé, il y avait matière à dire et à faire. Au final il ne ressort rien de ce film, même pas des combats intéressants (on attendait Lady Catherine et rien).

Le film possède quelques points positifs. La cinématique d’introduction qui explique comment l’infection est arrivée et s’est propagée. L’effet petit théâtre de dessin de caricatures animés est assez sympa et permet d’avoir le contexte.
La déclaration de Darcy à Elizabeth. C’est pas tant la déclaration en elle-même que la dispute qui s’en suit puisqu’ils en viennent au mains et éclatent les meubles. La touche sexy par contre était peut être en trop.

Le film est donc plein de petites incohérences avec son propre univers. Il essaie désespérément de se raccrocher à l’ouvrage d’origine de Austen et essaie entre deux passages du livre de coller des attaques zombies. C’est pour cela que le résultat final ressemble à un mauvais patchwork. Il aurait été plus judicieux à mon sens de ne pas tenter désespéramment de coller au récit. Faire quelque chose d’original quitte à délaisser complètement P&P mais garder cet univers régence et le ton austennien.
Je reste relativement bon public. Je pense que c’est un film à voir au moins une fois si on est amateur de Jane Austen ou de zombies. A mon sens, il ne faut rien attendre de particulier de la part du film. Il en révolutionne rien, n’apporte rien mais se laisse regarder.

Finalement, le fait d’avoir attendu aura été bénéfique puisque j’ai pu regarder le film dans de bonnes dispositions, sans a priori et avec du recul. Mes goûts évoluent et je me rends compte que je m’ouvre à de nouvelles choses. Ce que je trouvais rebutant hier, ne l’est plus aujourd’hui ou en tout les cas moins.